Cet article est PREMIUM, et nécessite un abonnement payant pour lire la suite

Je m’identifie
Créer mon compte

Créez votre compte dès maintenant puis contactez-nous pour accéder aux articles Premium et/ou Lettre Export.

Inscription

Temps estimé - 6 min

Au cours des trois dernières années, la Commission européenne a accordé plusieurs autorisations pour la production et la commercialisation d’insectes destinés à l’alimentation humaine. Ce marché, bien que confronté à des barrières culturelles, a connu une croissance significative. Avant 2021, les insectes étaient principalement utilisés dans l’alimentation animale. Cependant, au cours de cette période, quatre types d’insectes, tels que le scarabée molitor, le scarabée buffalo, le criquet migrateur et le grillon domestique, ont été autorisés sous différentes formes, notamment congelés, séchés ou en poudre.

Les insectes présentent un intérêt nutritionnel et environnemental. En effet, ils sont riches en protéines (jusqu’à 70%). et nécessitent deux kilos de nourriture pour produire un kilo de matière première, tandis que pour les bovins, le ratio est de huit pour un. De plus, la production d’insectes émet 100 fois moins de gaz à effet de serre par rapport au bétail conventionnel.

Bien que l’Union européenne domine le marché de la production de farines d’insectes pour l’alimentation animale, le marché de l’alimentation humaine est encore à ses débuts en particulier en France. Cependant, depuis 2021, la France s’est développée dans cette filière. Des sociétés telles que InnovaFeed, Jimini’s et Ynsect sont devenues des acteurs majeurs dans la production d’insectes utilisés dans la fabrication de biscuits, de pâtes, de boissons, distribués dans toute l’Europe.

 

Quels sont les freins à l’essor de ce marché ?

Les acteurs de ce secteur restent toutefois peu nombreux en raison des réglementations strictes imposées par l’UE. Les autorisations de mise sur le marché sont accordées au compte-goutte et concernent un seul produit d’insecte pour une seule entreprise. De plus, chaque demande d’autorisation doit être évaluée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) pour évaluer les risques pour la consommation humaine.

Autre frein à l’expansion de ce marché : la réticence culturelle des Européens à consommer des insectes. Les vers et les mouches sont souvent perçus comme insalubres et contaminés. Cependant, les spécialistes estiment que l’innovation dans la présentation des insectes est essentielle pour surmonter ce défi. Une étude a révélé que, en France, 25% des personnes accepteraient de consommer des aliments contenant des insectes dans les ingrédients, mais seulement 19% seraient prêts à manger des insectes entiers. Au Mexique, 40% des personnes interrogées se disent ouvertes à ce type d’alimentation.

Autre point non négligeable : réduire les coûts de production . Actuellement considérés comme des produits de niche haut de gamme, ils sont fabriqués à partir d’une matière première d’environ 20 euros par kilogramme. Seule une transition vers une production industrielle permettra d’atteindre des économies d’échelle et une baisse des prix. Selon Valentin Partula de Ynsect, le processus est en cours avec l’émergence de véritables fermes en Europe et le début de la production industrielle par les entreprises du secteur. Ynsect vient d’annoncer une levée de fonds de 160 millions d’euros et prévoit d’ouvrir une dizaine de fermes dans le monde d’ici 2030. Bien qu’ils n’aient pas remis en question les règles en vigueur, ils espèrent des assouplissements réglementaires.

Selon l’International Platform of Insects for Food and Feed (IPIFF), qui représente le secteur en Europe, les législations devraient devenir plus favorables à l’avenir. Ils rappellent également que la Food and Agriculture Organization (FAO) recense plus de 1 900 espèces d’insectes comestibles dans le monde. L’IPIFF prévoit une croissance rapide de la production dans les années à venir, avec une estimation de 260 000 tonnes d’insectes d’ici 2030. Ainsi, jusqu’à 390 millions d’Européens pourraient consommer des insectes dans leur alimentation, à condition de surmonter certaines barrières culturelles.

Sources : https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/insectes-dans-lalimentation-humaine-un-marche-qui-souvre-dans-lue/