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Les compléments nutritionnels oraux (CNO) font partie des denrées alimentaires destinées à des fins médicales spéciale (DADFMS) et sont des préparations nutritives destinées à pallier une alimentation insuffisante ou incomplète pour couvrir les besoins journaliers en énergie et protéines. Dans le cadre de son dispositif de nutrivigilance, l’Anses a récemment reçu un signalement d’effet indésirable sévère susceptible d’être lié au mésusage d’un CNO. Le produit en question est un CNO hyperénergétique composé principalement de glucides, de protéines et de vitamines et minéraux et destiné aux adultes. Le trouble rapporté est une hyperkaliémie sévère, c’est-à-dire un défaut de potassium dans le plasma sanguin.

Le patient est un enfant de 10 ans ayant une maladie génétique rare avec troubles de l’oralité et qui consomme quotidiennement quatre flacons de 200 mL du CNO hyperénergétique désigné ci-dessus. Il mange très peu d’aliments solides ou liquides, le CNO s’est donc quasi entièrement substitué au reste de son alimentation, en étant alors utilisé comme un aliment complet alors qu’il s’agit d’un aliment incomplet.

L’imputabilité du CNO dans la survenue de l’hypokaliémie a été analysée par l’ANSES qui conclue que le mésusage (usage quasi exclusif) du CNO est vraisemblablement à l’origine de l’hypokaliémie. Dans ce cas, l’hypokaliémie est donc liée à une insuffisance d’apport alimentaire en potassium. En effet, la consommation alimentaire de cet enfant se réduit à la prise du CNO qui en apporte au total 72 mg/j pour une référence nutritionnelle de 1800 mg/j. Par ailleurs, l’osmolarité du CNO est de 750 mosmol/L, ce qui peut entraîner une diarrhée aggravant les pertes potassiques.

L’ANSES rappelle dans son avis que les CNO jouent un rôle important dans la prévention ou le traitement de la dénutrition lorsque l’alimentation orale s’avère insuffisante, ils ne doivent par contre pas remplacer l’alimentation habituelle du patient. Ils sont destinés à être consommés en complément et à distance des repas habituels (recommandations de la HAS en 2006 et de la SFNEP en 2012) et n’ont pas vocation à couvrir les besoins journaliers totaux en macronutriments et micronutriments. La prescription et l’utilisation des CNO doivent être effectuées sous contrôle médical et ajustées aux besoins nutritionnels de chaque patient.

Par ailleurs, il existe sur le marché des spécialités de CNO avec une composition spécifique aux besoins des enfants. Cependant, elles sont déremboursées depuis l’arrêté du 2 décembre 2009, ce qui a pu contribuer à une dérive des pratiques de prescription conduisant les enfants à recevoir des CNO destinés aux adultes. Dans ce contexte, l’Agence rappelle que l’utilisation de CNO avec une composition adaptée aux besoins de l’enfant, selon son âge, doit être privilégiée.

 

Référence : AVIS de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif à un cas d’hypokaliémie sévère suite au mésusage d’un complément nutritionnel oral (16 octobre 2019)