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La demande d’alimentations riches en protéines, et tout particulièrement en protéines végétales, ne cesse de croître. Contrairement aux glucides et aux lipides, les protéines n’ont en effet jamais été mal vues par les consommateurs. Les protéines, surtout végétales, sont devenues le synonyme d’une alimentation saine, voire durable.
Plus spécifiquement dans certaines conditions physiologiques (sport, vieillesse), l’intérêt pour les protéines est encore plus marqué, avec entre autres la digestibilité de ces protéines comme critère de choix. Ce critère n’est pas anodin, car de la digestibilité de la protéine dépend l’anabolisme protéique, et donc la synthèse de masse musculaire, cruciale aussi bien pour le sportif que pour le sujet atteint de dénutrition (voire de sarcopénie). De ce fait, des « aides » à la digestion des protéines ont été envisagées. Ceci peut se faire par le biais d’aliments qui contiennent naturellement des protéases, comme le kiwi de variété Hayward (ou kiwi vert) : dans ce cas précis, c’est l’actinidine, une protéase à cystéine, qui est très présente. Sur des modèles animaux, l’ajout d’actinidine au bol alimentaire permet effectivement d’améliorer la digestibilité des protéines. Ce résultat n’a cependant jamais été confirmé cliniquement. Par ailleurs, tous les kiwis ne possèdent pas de protéases : c’est le cas du kiwi de variété Hort 16A (ou kiwi jaune).
L’hypothèse des chercheurs qui ont mené la présente étude est la suivante : le kiwi vert améliore la digestibilité des protéines de bœuf, en comparaison du kiwi jaune qui ne contient pas de protéases. Pour cela, douze volontaires (6 hommes et 6 femmes, entre 60 et 85 ans) ont participé successivement à deux conditions, en double aveugle : kiwi vert ou kiwi jaune. Pendant 14 jours, les volontaires ont consommé deux kiwis. Puis, le 15e jour, une étude métabolique a été réalisée à l’aide de traceurs isotopiques, pour mesurer l’élévation plasmatique des acides aminés suite à la consommation de 100 g de viande de bœuf. Des biopsies de muscles ont aussi été effectuées pour mesurer l’impact des deux conditions sur le métabolisme protéique.
Les principales différences concernent surtout la vitesse d’élévation des acides aminés plasmatiques. Pour les acides aminés totaux, les acides aminés branchés (BCAA) et la leucine (considérée comme un levier pour la stimulation de la synthèse protéique), le kiwi vert a conduit à une apparition plus rapide que le kiwi jaune. Cependant, les quantités totales ont été similaires au bout de plusieurs heures de digestion. De manière concordante avec des quantités totales similaires, aucun impact sur le métabolisme protéique et la synthèse de masse musculaire n’a été observé.
En général, les protéines de qualité sont associées à une plus forte vitesse d’apparition des acides aminés, mais aussi à une plus grande quantité absolue d’acides aminés dans le plasma. Ici, seule une des deux conditions est remplie avec l’ajout du kiwi vert. Les chercheurs n’excluent pas qu’une quantité plus élevée de kiwi aurait pu conduire à une différence plus élevée entre les deux conditions. Ces résultats valident néanmoins des précédents résultats in vitro et in vivo, et soulignent l’importance du bol alimentaire plutôt que des aliments individuels. Les chercheurs soulignent également que d’autres fruits comme l’ananas ou la mangue comportent une activité protéase, et que leur consommation peut avoir des bénéfices en vue d’une meilleure digestibilité des protéines alimentaires.
The impact of Hayward green kiwifruit on dietary protein digestion and protein metabolism.
Article publié le 24 septembre 2020 dans l’European Journal of Nutrition.
Lien (open acces) : https://doi.org/10.1007/s00394-020-02363-5