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Évolution du Nutri-Score : perceptions et attentes des consommateurs
Depuis son lancement en France en 2017, le Nutri-Score a été adopté dans six autres pays européens. Dans le cadre de l’actualisation de son algorithme débutée en 2024, Santé Publique France a conduit une étude qualitative afin de comprendre les perceptions, l’utilisation du Nutri-Score et les attentes des consommateurs, dans le but d’accompagner cette transition.
Utilisation du Nutri-Score : un critère secondaire malgré sa notoriété élevée
Le Nutri-Score bénéficie d’une notoriété remarquable : 95 % de la population française le reconnaît et 90 % en comprennent la fonction d’indicateur nutritionnel. Toutefois, l’étude montre que l’utilisation du logo reste modérée : seulement 52 % des participants déclarent le consulter lors de leurs courses, et souvent en tant que critère secondaire, après le prix et les préférences gustatives. Ainsi, les utilisateurs du logo l’utilisent principalement lorsqu’ils sont confrontés à de nouveaux produits ou doivent choisir entre des produits similaires. Par exemple, l’achat d’un plat préparé ou d’un dessert pourrait être influencé par le Nutri-Score, alors que des produits de base comme le beurre ou les légumes en conserve ne le sont pas.
Perceptions variées et compréhension partielle
Les lettres et les couleurs du Nutri-Score sont bien interprétées par les consommateurs, qui identifient facilement les scores A et B comme des choix sains, tandis que les scores D et E sont perçus comme des produits à consommer modérément. Toutefois, le mode de calcul reste mal compris. Environ 60 % des participants pensent à tort que le Nutri-Score intègre des critères comme les additifs et le degré de transformation, ce qui reflète une méconnaissance des éléments réellement pris en compte (comme le sucre, le sel et les matières grasses).
Critiques fréquentes et attentes envers le Nutri-Score
Les consommateurs expriment plusieurs réserves concernant le Nutri-Score. Par exemple, la plupart des participants jugent l’évaluation au 100 g ou 100 ml appropriée pour comparer les produits, mais certains estiment qu’une base par portion pourrait offrir une information plus pratique pour des aliments spécifiques.
De plus, un nombre significatif de consommateurs, notamment ceux ayant des enfants, souhaiterait une meilleure prise en compte des additifs ou du degré de transformation. Enfin, la moitié des participants aux focus groups préfèreraient que le Nutri-Score devienne obligatoire, permettant ainsi une comparaison facilitée entre tous les produits alimentaires.
La mise à jour : légitime mais nécessitant des explications
La mise à jour de l’algorithme en 2024, visant une meilleure distinction des produits en fonction de leur qualité nutritionnelle, est globalement bien accueillie. Cependant, environ 40 % des participants se montrent méfiants envers le Nutri-Score, en particulier lorsque la provenance du logo et son indépendance ne sont pas explicitées. L’indépendance du Nutri-Score et sa base scientifique sont des points essentiels de réassurance. Pour renforcer leur confiance, les consommateurs souhaitent une plus grande transparence et demandent à être informés des critères du logo et des responsables de sa mise en œuvre sur les emballages.
Vers une communication renforcée pour favoriser l’adoption
Santé Publique France est encouragée à éduquer le public pour renforcer la confiance dans le Nutri-Score. Une majorité des participants préconise de rappeler les fondamentaux du logo : son objectif de promotion de l’équilibre nutritionnel, les critères sur lesquels il se base, et son indépendance vis-à-vis des industriels. L’étude suggère qu’en l’absence d’une communication pédagogique, l’évolution du Nutri-Score pourrait passer inaperçue, voire être mal comprise, freinant ainsi son adoption.
En conclusion, bien que le Nutri-Score soit largement reconnu et apprécié en France, son adoption active reste limitée. Une communication clarifiant ses bases scientifiques et indépendantes pourrait faciliter son appropriation par les consommateurs, en particulier dans un contexte de changement de son algorithme.
Source : Ducrot P., Cerf M., Serry A. J. Perception, compréhension et utilisation du Nutri-Score dans l’objectif d’informer sur l’évolution de son algorithme. Une étude qualitative française incluant une observation des achats. Saint‑Maurice : Santé publique France ; 2024 : 16 p. http://www.santepubliquefrance.fr