Cet article est PREMIUM, et nécessite un abonnement payant pour lire la suite
Créez votre compte dès maintenant puis contactez-nous pour accéder aux articles Premium et/ou Lettre Export.
Temps estimé - 7 min
Vaut-il mieux prendre en compte l’équilibre nutritionnel d’un aliment, ou bien son degré de transformation ? Jusqu’à présent, les politiques de santé publique se sont toujours focalisées sur l’équilibre nutritionnel, et en particulier les quantités de lipides, de sucre et de sel. L’apposition obligatoire du Nutri-Score, en cours de discussion au niveau européen, consacre cette approche de l’équilibre nutritionnel. En parallèle, de plus en plus de travaux suggèrent la pertinence du degré de transformation des aliments. En particulier, les défenseurs des scores de transformation reprochent au Nutri-Score de ne pas prendre en compte le degré de transformation d’un aliment. En réalité, les deux scores n’ont jamais été comparés directement dans une seule et même étude. Nous ne disposons pour le moment que d’études séparées, toutes montrant la pertinence de chaque score.
Deux études épidémiologiques récentes apportent enfin une réponse, pour savoir quel score permet de mieux prédire les états de santé des populations. La première étude est française, et se base sur les données de la cohorte NutriNet-Santé. La qualité globale de l’alimentation a été définie sur la base des dernières recommandations du PNNS : l’objectif des chercheurs est de voir si le Nutri-Score ou le score NOVA sont associés à cette qualité. Le score FSAm-NPS, qui est à la base du Nutri-Score, a été utilisé dans cette étude. Les données de 98 454 personnes ont été analysées. Les chercheurs ont constaté que le score FSAm-NPS expliquait environ 26% d
La seconde étude est italienne, et s’appuie sur les données de la cohorte Moli-sani. A partir des données de consommation et de santé de 22 895 personnes, les chercheurs ont essayé de corréler le degré de transformation des aliments avec la mortalité (toutes causes confondues, et mortalité cardio-vasculaire), et de corréler le score FSAm-NPS avec cette même mortalité. Il est intéressant de noter qu’un risque accru de 19% de mortalité (toutes causes confondues) est retrouvé avec la consommation d’aliments ultra-transformés, et que cette valeur de 19% est aussi retrouvée pour la consommation d’aliments déséquilibrés sur le plan nutritionnel. Les deux scores prédisent aussi significativement la mortalité cardiovasculaire. Plus loin, les chercheurs ont ensuite tenté de voir la part expliquée par le score FSAm-NPS dans l’association entre aliments ultra-transformés et mortalité ; et inversement pour le score NOVA, dans l’association entre aliments nutritionnellement déséquilibrés et mortalité. Dans le premier cas, le score FSAm-NPS n’altère pas significativement le lien entre ultra-transformation et mortalité : l’association ajustée reste donc significative. En revanche, le score NOVA altère significativement la relation entre aliments déséquilibrés nutritionnellement et mortalité ; cependant, l’association ajustée reste à la limite de la significativité statistique.
Dans les deux études, les deux scores prédisent significativement des états de santé des populations (étude italienne), ou des paramètres théoriquement liés à ces états de santé (étude française). Ce constat est à mettre en lien avec notre récent article de blog (https://foodinnov.fr/nutriments-degre-de-transformation-et-pesticides-la-vision-3d-preconisee-par-les-fondateurs-du-nutri-score/), dans lequel les fondateurs du NutriScore préconisaient un score combiné avec NOVA (uniquement si l’aliment est classé NOVA 4). Il est également tentant d’affirmer à l’issue de ces deux études que le score NOVA a un « poids » plus important que le Nutri-Score, chiffres à l’appui : l’étude française n’évoque cependant pas la comparaison directe entre FSAm-NPS et NOVA, et l’étude italienne oublie de préciser que l’association entre FSAm-NPS reste significative même après ajustement sur le score NOVA. Pour l’heure, il est encore trop tôt pour savoir si un des deux scores est plus pertinent que l’autre.
Joint association of food nutritional profile by Nutri-Score front-of-pack label and ultra-processed food intake with mortality: Moli-sani prospective cohort study.
Article publié le 3 août 2022 dans The BMJ.
Lien (open access) : https://doi.org/10.1136/bmj-2022-070688
Respective contribution of ultra-processing and nutritional quality of foods to the overall diet quality: results from the NutriNet-Santé study.
Article publié le 4 août 2022 dans l’European Journal of Nutrition.
Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1007/s00394-022-02970-4
Lire également l’éditorial associé au premier article.
The trouble with ultra-processed foods.
Article publié le 31 août 2022 dans The BMJ.
Lien (open access) : https://doi.org/10.1136/bmj.o1972