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La composition nutritionnelle des formules infantiles est extrêmement cadrée, que ce soit sur le plan scientifique et sur le plan règlementaire. Récemment, en Union Européenne, la supplémentation des formules infantiles en oméga-3 à longue chaîne (DHA en l’occurrence) a été rendue obligatoire, sur la base de l’importance du statut cérébral en oméga-3 des nourrissons. Au-delà du cas des oméga-3, les formules infantiles peuvent également être enrichies en certaines vitamines et minéraux.

La présente étude, effectuée par des chercheurs britanniques, pose explicitement la question des retombées pratiques de cet enrichissement, en choisissant l’angle des résultats scolaires. Les retombées théoriques sont en effet évidentes, tout particulièrement si les apports en certains nutriments ne sont pas assurés ; peu d’articles se sont cependant attachés à visualiser les bénéfices réels de cette supplémentation. Pour ce faire, les auteurs ont compilé six essais cliniques randomisés contrôlés visant à comparer des formules enrichies avec des formules « non-enrichies », en considérant les résultats scolaires. Les essais cliniques ont porté sur les formules suivantes : formules enrichies en nutriments (deux essais), formules enrichies en oméga-3 à longue chaîne (deux essais), formules enrichies en fer (un essai), formules enrichies en acide palmitique en position sn-2 (un essai), et formule enrichie en nucléotides (un essai). Tous ces essais regroupent au total 1763 enfants, qui ont été suivis de 1993 jusqu’en 2016.

Les résultats de toutes ces études cliniques vont tous dans le même sens : aucun bénéfice significatif n’a été constaté de ces enrichissements sur les résultats scolaires, et plus précisément sur les résultats obtenus à l’épreuve de mathématiques du Brevet des Collèges (équivalent britannique). Dit autrement, le lien entre enrichissement des formules infantiles et résultats scolaires est neutre : ni positif, ni négatif.

Malgré les limites de cette étude, les auteurs estiment que les résultats demeurent fiables car en accord avec la littérature scientifique déjà disponible sur le sujet. Les auteurs estiment, tout particulièrement concernant la supplémentation en DHA, qu’une telle mesure règlementaire a été décidée sur des effets essentiellement de court terme, par opposition aux effets de longs termes tels que mesurés dans leur étude : dans ces conditions, il faudrait selon eux revoir cette mesure.

Faut-il conclure que l’enrichissement des formules infantiles ne sert à rien ? Ce qui est certain, c’est que le sujet des formules infantiles et de leur composition, dans le contexte de la préconisation de l’allaitement maternel, demeure très complexe, et va au-delà de la simple nutrition humaine. Le débat est notamment ouvert concernant les paramètres utilisés pour mesurer les bénéfices de ces enrichissements, pour donner un avis définitif et éventuellement revoir à la fois les recommandations des sociétés savantes, ainsi que les règlementations en vigueur.

 

Effect of nutritionally modified infant formula on academic performance: linkage of seven dormant randomised controlled trials to national education data.

Article publié le 14 octobre 2021 dans The British Medical Journal (BMJ).

Lien (open access) : https://doi.org/10.1136/bmj-2021-065805