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La physiologie du muscle est un des sujets d’importance chez la personne âgée. En effet, avec l’âge, la fonction musculaire diminue, ce qui peut avoir de fortes répercussions sur la qualité de vie, et même la survie de la personne. Pour l’heure, seul le maintien de l’exercice physique est considéré comme efficace pour retarder les dysfonctions musculaires. Parallèlement, des stratégies nutritionnelles sont mises en œuvre pour retarder ces dysfonctions. La supplémentation en protéines, recommandée par la Haute Autorité de Santé (HAS), est évidemment très en vue.

Les oméga-3 peuvent également avoir un rôle à jouer, même s’il semble moins évident. La perte de sensibilité anabolique, c’est-à-dire qui conduit effectivement à la synthèse de masse musculaire, ne s’explique pas seulement par une moindre disponibilité des nutriments comme les protéines. L’inflammation systémique joue aussi un rôle primordial, d’autant qu’elle augmente chez le sujet âgé, et peut inhiber la synthèse de masse musculaire. Le lien avec les oméga-3 est donc théoriquement établi. De fait, plusieurs travaux de recherche ont montré l’intérêt des anti-inflammatoires non stéroïdiens pour prévenir le risque de sarcopénie. Cependant, ces anti-inflammatoires peuvent avoir des effets secondaires à long terme.

Une stratégie pourrait donc être de réduire l’inflammation systémique sans affecter d’autres paramètres physiologiques de manière délétère, et les oméga-3 auraient alors toute leur place. C’est cette stratégie que des chercheurs belges ont testée dans leur étude. Pour cela, 23 sujets âgés ont été répartis en deux groupes : placebo (n=10), et supplémentation en oméga-3 (n=11). Dans les deux groupes, les volontaires ont participé à un programme d’exercice physique. Concernant la fonction musculaire, plusieurs paramètres ont été mesurés, à commencer par la force exercée pendant les exercices physiques. Mieux, les chercheurs ont pu réaliser des biopsies de muscles, pour pouvoir évaluer l’expression de gènes impliqués dans des voies clés de signalisation. L’hypothèse des chercheurs est que la supplémentation en oméga-3 permet d’améliorer la fonction musculaire, en plus de l’amélioration induite par l’exercice physique.

En concordance avec cette hypothèse, les chercheurs ont constaté que les personnes supplémentées en oméga-3 avaient significativement plus de force au cours des exercices physiques. La qualité du muscle en lui-même, évalué par les biopsies, n’a pas changé avec la supplémentation en oméga-3. De manière surprenante, la supplémentation en oméga-3 a bien diminué les taux circulants d’IL-6 (considéré comme un marqueur d’inflammation), mais pas d’autres paramètres comme espéré par les chercheurs.

Les chercheurs concluent sur l’utilité de la supplémentation en oméga-3, correspondant dans cette étude à de l’EPA et à du DHA. En effet, le critère principal pour le diagnostic de la sarcopénie est la force musculaire, qui a été améliorée avec la supplémentation. Pour les chercheurs, cet effet s’explique par la capacité de ces deux acides gras à stimuler l’anabolisme musculaire. L’apport en protéines ne suffit sans doute pas ; encore faut-il activer les voies de signalisation cellulaire, pour donner l’ordre de synthétiser des protéines, et donc de la masse musculaire. Une stratégie potentiellement efficace contre la dénutrition, et par extension la sarcopénie, pourrait donc être de combiner les apports protéiques avec des oméga-3 à longue chaîne.

 

Omega-3 Supplementation Improves Isometric Strength But Not Muscle Anabolic and Catabolic Signaling in Response to Resistance Exercise in Healthy Older Adults.

Article publié le 7 décembre 2020 dans The Journals of Gerontology: Series A.

Lien (open access) : https://doi.org/10.1093/gerona/glaa309