Contribution des aliments ultra-transformés à l’apport en certains nutriments chez les nourrissons et enfants en bas âge

Les aliments ultra-transformés font parler d’eux concernant les associations avec une santé humaine globalement moins bonne. Les travaux de recherche soulignent aussi que la part des aliments ultra-transformés dans notre alimentation est relativement élevée : en France, une étude de Siga estimait ainsi que près de deux aliments sur trois présents dans les supermarchés étaient ultra-transformés. En conséquence, cela suggère que ces aliments contribuent pour certaines populations à une sécurité alimentaire, au sens d’un apport en nutriments. Pour autant, cette contribution aux apports nutritionnels, au-delà des apports énergétiques totaux, n’ont fait l’objet que de peu de travaux de recherche ; la communauté scientifique estimant qu’il n’y n’a à retenir que les impacts délétères de ces aliments sur la santé humaine.

Cette étude porte sur l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants (tranche d’âge : 6-23 mois), qui est aussi exposée à des aliments ultra-transformés faisant aussi l’objet de critiques de la part des scientifiques. Les chercheurs ont utilisé les données de la cohorte NHANES : la tranche d’âge cible est associée à un total de 1040 participants, dont les données de consommation ont été analysées. Ces données de consommation ont été collectées sur trois vagues : 2013-2014, 2015-2016, et 2017-2018. Pour chaque aliment analysé, la classification NOVA a été utilisée pour savoir s’il s’agissait d’un aliment ultra-transformé (groupe NOVA 4) ou non. La contribution des aliments ultra-transformés aux apports en fer, vitamine D, zinc, vitamine B12, choline, potassium, vitamine A, vitamine C, calcium et fibres ont été analysées.

Le premier résultat concerne la contribution des aliments ultra-transformés à l’apport énergétique total chez les nourrissons et les jeunes enfants : environ 45% de cet apport. Les aliments peu transformés (groupe NOVA 1) y contribuent pour 42%, alors que les aliments transformés (groupe NOVA 3) représentent 9% de cet apport. Concernant les nutriments (vitamines et minéraux), les aliments peu transformés (groupe NOVA 1) contribuent pour au moins la moitié des apports en nutriments, à l’exception du fer (20% des apports) et du zinc (43% des apports). À l’inverse, le principal résultat est que les aliments ultra-transformés contribuent pour au moins 20% de l’apport en ces vitamines et minéraux. C’est surtout vrai pour des minéraux dont l’apport est à encourager comme le fer (75% des apports assurés par des aliments NOVA 4) et le zinc (48% des apports assurés par les aliments NOVA 4) ; mais aussi pour des minéraux comme le sodium dont les apports sont au contraire à limiter (55% des apports assurés par les aliments NOVA 4).

Sur la tranche d’âge des 6-23 mois, les aliments ultra-transformés contribuent donc de manière non négligeable à l’apport en certains nutriments, avec une double facette : à la fois des nutriments dont l’apport est encouragé, et à la fois des nutriments comme le sodium qui sont au contraire à limiter. Ces deux facettes sont à considérer avec l’association globalement négative qui ressort entre consommation d’aliments ultra-transformés et santé humaine. Comme le soulignent les auteurs, cela montre qu’une vision nuancée est à adopter pour ces aliments : signifiant par là qu’une interdiction pure et simple pourrait poser un certain nombre de défis, sans pour autant basculer dans la complaisance vis-à-vis de ces aliments. Cette conclusion est en lien avec un précédent article d’opinion, qui soulevait aussi le risque d’insécurité alimentaire en cas d’interdiction des aliments NOVA 4.

 

Food Processing, According to the NOVA System, and Dietary Intake of US Infants and Toddlers

Article publié le 19 juin 2023 dans The Journal of Nutrition.

Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1016/j.tjnut.2023.06.020