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La période est décidément difficile pour les édulcorants intenses. Quelques jours à peine après la classification par l’IARC de l’aspartame (E951) dans le groupe 2B (peut-être cancérogène), les résultats de la cohorte NutriNet-Santé concernant la consommation d’édulcorants intenses en lien avec le risque de diabète de type viennent de tomber. Il y a quelques mois, ces données avaient déjà montré une corrélation entre consommation de certains édulcorants intenses et risque de cancer.

Dans cette étude, ce sont les données de 105 588 Français de la cohorte NutriNet-Santé qui ont été analysées : d’une part, les consommations alimentaires, et d’autre part, les nouveaux diagnostics de diabète de type 2 au sein de cet échantillon (diagnostics renseignés par les patients, et validés par consultation médicale). Le couplage avec la base de données Open Food Facts a permis de mesurer précisément la consommation de plusieurs édulcorants intenses par les personnes de cet échantillon : acésulfame-K (E950), aspartame (E951), cyclamates (E952), saccharine (E954) sucralose (E955, thaumatin (E957), neohespéridine dihydro-chalcone (E959), glycosides de stéviol issus de stévia (E960a), et les sels d’aspartame-acesulfame-K (E962). Les chercheurs français ont donc pu voir spécifiquement l’association entre chacun de ces additifs et le risque de diabète de type 2, mais ont également pu regarder l’association globale entre tous ces édulcorants cumulés et le risque de diabète de type 2.

Précisément, l’association entre consommation cumulée d’édulcorants intenses et risque de diabète de type 2 est positive, et significative : plus cette consommation est élevée, plus le risque de diabète de type 2 est élevé (+ 69% de risque pour les forts consommateurs, comparativement aux faibles consommateurs dans l’échantillon). Plus en détails, trois édulcorants intenses ressortent spécifiquement, avec pour chacun des trois une corrélation positive significative avec le risque de diabète de type 2 : l’aspartame (+ 63% de risque pour les forts consommateurs, en comparaison avec les faibles consommateurs), l’acésulfame-K (+ 70% de risque pour les forts consommateurs, en comparaison avec les faibles consommateurs), et le sucralose (+ 34% de risque pour les forts consommateurs, en comparaison avec les faibles consommateurs).

Les édulcorants intenses étant des marqueurs d’ultra-transformation, se pose la question de savoir s’ils sont de simples marqueurs de risque, ou bien des facteurs de risque. L’ajustement de ces corrélations sur la part d’aliments ultra-transformés dans la ration journalière ne change pas la significativité de ces relations, et indiquerait à première vue que ces associations sont spécifiques de ces édulcorants ; c’est-à-dire que d’autres caractéristiques des aliments ultra-transformés ne seraient pas en jeu pour expliquer ces associations. Difficile cependant d’exclure complètement ce rôle : les édulcorants intenses faisant partie des aliments ultra-transformés, il n’est pas possible techniquement d’exclure leur rôle en totalité. L’étude ne permettant pas d’affirmer une causalité, pas plus que des mécanismes d’action de ces édulcorants sur des paramètres métaboliques en lien avec le diabète de type 2, des études pré-cliniques précises sont nécessaires pour confirmer ces liens.

 

Artificial Sweeteners and Risk of Type 2 Diabetes in the Prospective NutriNet-Santé Cohort.

Article publié le 25 juillet 2023 dans Diabetes Care.

Lien (open access) : https://doi.org/10.2337/dc23-0206