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L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié fin janvier un avis très attendu sur la caractérisation et l’évaluation des impacts sur la santé des aliments dits ultratransformés. Cet avis fait suite à une saisie de la Direction générale de la santé et de la Direction générale de l’alimentation datant d’août 2022. Il répond à une préoccupation croissante concernant l’impact de ces aliments sur la santé publique, notamment en raison de leur consommation accrue, en particulier chez les jeunes.
Cinq angles d’études ont été examinés :
1) Caractérisation des produits ultratransformés par une identification des procédés de transformation susceptibles d’induire des modifications de composition des aliments et présentant un danger pour la santé.
2) Recensement des classements selon le degré de transformation et évaluation de leur pertinence.
3) Etude des relations épidémiologiques entre consommation d’aliments ultransformés et les risques de développer des maladies chroniques non transmissibles.
4) Détermination des facteurs responsables de la nocivité des aliments ultratransformés en vue d’identifier des leviers permettent de limités les risques associés à leur consommation.
5) Identification des travaux scientifiques devant être conduits pour mieux caractériser les impacts sanitaires des aliments ultra-transformés.

Pour étudier les liens entre consommation d’aliments ultratransformés et risques de développer des maladies, les auteurs ont mené une revue systématique de la littérature. Ils se sont concentrés sur des études humaines (étude de cohorte, études cliniques contrôlées), menée dans des pays avec un indice de développement humain élevé, publiée dans des journaux à comité de lecture. Sur plus de 2 745 articles identifiées, seulement 10 répondaient à tous les critères d’inclusion/exclusion et ont été sélectionnées pour cette analyse. Le risque de biais et le poids des preuves ont été soigneusement évalués.
Les principales conclusions de l’expertise sont les suivantes :
- Absence de consensus : il n’y a pas de définition consensuelle de ce que serait un aliment ultratransformé.
- Rôle des composés néoformés : Les composés néoformés pourraient jouer un rôle important dans les effets néfastes des aliments ultratransformés. Leur formation, quelle que soit leur dangerosité, dépend plus du type de procédé utilisé et de la matrice alimentaire que du nombre de procédés appliqués.
- Hypothèse de la surconsommation : La formulation de ces aliments, souvent conçus pour être pratiques et appétissants, pourrait favoriser une consommation excessive, contribuant ainsi à des déséquilibres énergétiques.
- Hétérogénéité des classifications : Les classifications actuelles sont variées et la classification Nova est la plus utilisée en recherche épidémiologique. Cependant, elle n’est pas exempte de reproches et de biais (ces derniers sont détaillés par les auteurs).
- Associations avec les maladies chroniques : Des associations ont été observées entre la consommation d’aliments ultratransformés et le risque de développer diverses maladies chroniques ou de déceder, notamment la mortalité toutes causes confondues, l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires, et certains cancers (tous types de cancers, cancer de la prostate, du sein, et colorectal). Cependant, les preuves sont encore considérées comme faibles, notamment en raison du nombre limité d’études disponibles.
- Pistes pour les chercheurs : Le rapport propose plusieurs axes de recherche futurs, notamment l’étude des aliments à fort apport énergétique, la formulation d’aliments favorisant une consommation excessive, et la prise en compte des risques liés à des comportements alimentaires plus larges, tels que la déstructuration des repas et l’environnement social.
La conclusion finale de l’avis est que le concept d’ultratransformation n’étant pas bien étayé scientifiquement, il est avant tout nécessaire de mesurer l’efficacité des dispositifs déjà mise en place comme le PNNS et le PNAN (plan national de l’alimentation et de la nutrition).
Si vous souhaitez un décryptage plus poussé, n’hésitez pas à nous contacter
« AVIS de l’Anses relatif à la caractérisation et évaluation des impacts sur la santé de la consommation d’aliments dits ultratransformés »
Publié le 31 janvier 2025
Lien (accès libre) : https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2022-SA-0155.pdf