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Depuis plusieurs semaines, les Canadiens ont un problème de beurre. Trop dur, il s’étale mal sur les tartines et met du temps à fondre dans la poêle ! Ce que les médias locaux nomment désormais le « Buttergate » est parti d’un tweet posté le 5 février par la cuisinière et autrice de livres de recettes Julie Van Rosendaal. « Il y a quelque chose qui cloche avec notre approvisionnement en beurre (…). Vous avez remarqué qu’il n’est plus mou à température ambiante ? » interroge-t-elle. Un tweet auquel de nombreux internautes ont répondu par l’affirmative.

Dans une tribune publiée le 20 février sur le site du quotidien canadien The Globe and Mail, elle suggère qu’une augmentation de la consommation de beurre depuis le début de la pandémie de Covid-19 a entraîné des changements dans l’alimentation du bétail – les éleveurs cherchant à optimiser leur rendement et leur production. D’après elle, le principal suspect de cette épidémie de beurre trop dur n’est autre que l’huile de palme : pour faire face à la hausse de la demande, les éleveurs sont accusés d’avoir augmenté la quantité d’huile de palme donnée aux vaches. Résultat, le produit serait désormais plus dur et plus difficile à tartiner.

L’Association des transformateurs laitiers du Canada a assuré qu’il n’y a eu aucun changement dans la production de beurre, ni dans la réglementation nationale sur les ingrédients. « Il n’y a rien d’illégal à donner de l’huile de palme aux vaches laitières, et rien n’empêche les producteurs laitiers de le faire. Mais c’est de l’huile de palme fabriquée à l’autre bout du monde, et nous connaissons tous l’impact de cette huile sur l’environnement. » dit Sylvain Charlebois, directeur scientifique du Laboratoire de recherche en sciences analytiques agroalimentaires à l’université Dalhousie, dans une tribune publiée dans Le Journal de Québec. « Une telle pratique [de la part des producteurs laitiers] serait éthiquement et moralement répréhensible, et elle pourrait compromettre la réputation de l’industrie ». « Etant donné que les Canadiens subventionnent maintenant la production laitière, ils méritent le meilleur beurre que l’industrie puisse fournir. Surtout, avec un tel constat, le contrat moral entre les consommateurs et l’industrie est brisé », conclut-il.

Les Producteurs laitiers du Canada ont répondu en soulignant que les produits à base d’huile de palme « contribuent à donner de l’énergie aux vaches » et qu’« aucun effet indésirable n’a été identifié à la suite de leur utilisation dans les rations alimentaires » des bovins. Le groupe de lobbyistes ajoute toutefois qu’il compte réunir un comité d’experts (composé de divers acteurs du secteur, y compris des consommateurs) pour répondre à ces préoccupations.

Source : Le Monde, 05/03/2021