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Quelle est la part optimale de protéines animales et végétales dans l’alimentation ? Au-delà de la qualité intrinsèques des protéines, cette question soulève de nombreux débats en nutrition humaine, parce que des nutriments autres que les protéines sont en jeu. La vision courante consiste à considérer les produits d’origine animale (et donc les protéines animales) comme vecteurs de nombreux nutriments, les produits d’origine végétale étant plus « limités ». En 2019, le Fonds Français pour l’Alimentation et la Santé (FFAS) avait défini, prudemment et de manière empirique, un ratio 50/50 pour les protéines animales et végétales. En plus de la nutrition humaine, l’aspect écologique prend de plus en plus de place.

Dans cette étude, des chercheurs français sont repartis des données de l’étude INCA3 dont les résultats avaient été présentés par l’Anses en 2017. Cette étude, unique en son genre, a recensé les consommations alimentaires d’un échantillon représentatif de plus de 1000 Français. A partir de ces données, les chercheurs ont cherché à « optimiser » les alimentations à l’aide de modèles mathématiques, en faisant varier la part de protéines végétales. L’optimisation se fait au sens de la minimalisation d’un critère : le « Health Risk Index », censé indiquer l’état de bonne santé d’une population. Plus ce « Health Risk Index » est petit, meilleur est l’état de santé. Le « Health Risk Index » dépend de groupes de denrées alimentaires à limiter (viande rouge, charcuterie et boissons sucrées), et de groupes de denrées à promouvoir à l’inverse (céréales complètes, fruits, légumes, légumineuses, fruits à coque, et produits laitiers). Comme tout optimisation, des contraintes ont été définies dans les modélisations : maintien des apports énergétiques dans une fourchette de ± 5%, mais aussi des contraintes concernant les apports en nutriments afin de respecter les dernières recommandations de l’Anses. Pour la dimension environnementale, les données d’AGRIBALYSE ont été utilisées pour évaluer l’empreinte environnementale des différentes alimentations optimisées.

Concernant les apports adéquats en nutriments, les chercheurs ont déterminé une plage de valeurs possibles pour la part de protéines végétales dans l’alimentation : entre 16 et 82% chez les hommes, et entre 16 et 77% chez les femmes ; tous sexes confondus, la plage de valeurs serait donc comprise entre 15 et 80% de protéines végétales, assurant la couverture en nutriments selon les recommandations de l’Anses. Si la minimisation du « Health Risk Index » est intégrée, cette plage de valeurs est légèrement modifiée : tous sexes confondus, elle correspond à l’intervalle 25-70% de protéines végétales dans l’alimentation. Cependant, au-delà de ces pourcentages en protéines, les auteurs soulignent que les aliments correspondent sont très éloignées de l’alimentation courante des Français, telle qu’observée à partir des données de l’étude INCA3. Sur le plan environnemental, à mesure que la part de protéines augmente, l’empreinte environnementale diminue.

Au total, si l’on ne retient que l’aspect nutrition et santé humaine, la plage de valeurs optimale pour la part de protéines végétales dans l’alimentation est relativement ample ; d’où la conclusion des chercheurs qui estiment qu’il n’y a pas de valeur optimale unique pour la part des protéines végétales dans l’alimentation, ne tenant compte que de l’aspect nutrition humaine. La prise en compte de la dimension environnementale permet de restreindre cette plage de valeurs, tendant vers une part plus importante de protéines végétales ; même si l’étude n’a pas formellement défini de contraintes concernant la dimension environnementale. Pour autant, le décalage entre les alimentations optimisées et l’alimentation actuelle des Français interroge sur l’applicabilité de ces résultats en vie réelle.

 

Plant to animal protein ratio in the diet: nutrient adequacy, long-term health and environmental pressure.

Article publié le 15 juin 2023 dans Frontiers in Nutrition.

Lien (open access) : https://doi.org/10.3389/fnut.2023.1178121