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Les édulcorants intenses semblent toujours dans la tourmente, en termes d’effets sur la santé humaine. Récemment, un rapport de l’OMS mettait en garde sur l’usage des édulcorants intenses pour le contrôle du poids : soulignant que les études disponibles à ce jour ne permettait pas d’affirmer formellement que le recours à ces additifs étaient compatibles avec un contrôle du poids, relativement au sucre de table. Même si l’OMS précisait que ce rapport ne portait pas sur la sécurité des édulcorants intenses en termes d’effets secondaires, il n’a certainement aidé.
C’est dans ce contexte qu’ont été publiés les résultats d’une étude épidémiologique espagnole visant à trouver des liens éventuels entre consommation d’édulcorants intenses, et risque de cancer. Les données de la cohorte MCC-Spain ont été utilisées, correspondant à 8452 participants. D’une part, à l’aide de questionnaires alimentaires et de la base de données Open Food Facts, la consommation d’édulcorants intenses a pu être documentée : aspartame, et autres édulcorants intenses (non précisés dans l’étude). D’autre part, les cas de cancers ont pu être documentés, avec différents types de cancers pris en compte : cancer colorectal, cancer du sein, cancer de la prostate, cancer de l’estomac, et leucémie lymphoïde chronique.
Sur la cohorte globale, les chercheurs n’ont pas retrouvé de lien entre la consommation d’édulcorants intenses et risque de cancer. Néanmoins, en séparant les personnes diabétiques des non-diabétiques, les chercheurs ont fini par trouver des associations significatives : la consommation d’aspartame est associée à un risque accru de cancer de l’estomac et, plus surprenant, à un moindre risque de cancer du sein. Pour la catégorie « autres édulcorants », leur consommation est associée, toujours chez les diabétiques, à un risque plus élevé de cancer colorectal et de cancer de l’estomac.
Au-delà du risque accru de cancer, l’étude met surtout en avant le diabète, qui peut constituer un facteur de confusion dans ce type d’étude. Les auteurs soulignent néanmoins que le nombre de personnes diabétiques dans la cohorte étant faible, les associations spécifiques sont à considérer avec prudence.
Concernant le risque pour la population dans son ensemble, difficile de ne pas faire le lien avec les résultats de la cohorte NutriNet-Santé, qui concernaient aussi ce lien entre édulcorants et risque de cancer. Dans cette cohorte, les chercheurs avaient au contraire retrouvé une association significative entre édulcorants intenses (dont l’aspartame) et risque de cancer, pour la population générale. Le design expérimental entre les deux études n’est cependant pas le même, pouvant expliquer les différences de conclusions entre les deux études.
Pris dans leur ensemble, ces résultats montrent que les effets des édulcorants intenses sur la santé humaine sont difficiles à cerner. Dans ce contexte, les rapports de ré-évaluation de la sécurité de ces additifs par l’EFSA sont très attendus.
Consumption of aspartame and other artificial sweeteners and risk of cancer in the Spanish multicase-control study (MCC-Spain).
Article publié le 16 juin 2023 dans l’International Journal of Cancer.
Lien (open access) : https://doi.org/10.1002/ijc.34577