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La prise alimentaire (et son contrôle) est un facteur crucial en nutrition humaine. Indépendamment des ingrédients qui composent un aliment, les scientifiques s’accordent sur le fait qu’une prise alimentaire trop élevée, répétée toute une vie, est à la base de bon nombre de maladies chroniques typiques des sociétés occidentales. Les travaux de recherche en comportement alimentaire se sont donc focalisés sur les déterminants de la prise alimentaire, ainsi que sur d’éventuels moyens/modes de vie favorisant un bon contrôle de la prise alimentaire. Parmi les pistes étudiées, la restriction calorique bien sûr ; mais aussi l’interaction entre prise alimentaire et rythme circadien. L’hypothèse selon laquelle un même apport énergétique n’est pas équivalent selon le moment de la journée est en effet définie de longue date.
Deux études cliniques apportent un éclairage crucial concernant cette interaction entre prise alimentaire et rythme circadien. Dans la première étude, les chercheurs ont voulu comparer l’effet d’un repas, pris soit le matin, soit le soir (même quantité d’énergie dans les deux cas). 30 volontaires en surpoids ou obèses ont participé à l’étude, dans un ordre aléatoire : chaque sujet est donc son propre contrôle par rapport aux deux conditions expérimentales. La prise des repas s’est faite dans un contexte de restriction calorique, pendant 4 semaines pour chaque condition. Initialement, l’étude a été réalisée pour voir une différence sur la prise de poids. Si les chercheurs n’ont constaté aucune différence entre les deux conditions sur la perte de poids, ni aucune différence sur la dépense énergétique totale, ils ont en revanche noté que la prise d’énergie au petit-déjeuner conduisait les participants à avoir une moindre sensation de faim. Ce résultat est loin d’être anodin à long terme, en particulier chez des personnes obèses ou en surpoids.
La seconde étude, menée par une autre équipe de chercheurs, est assez similaire à la première en termes de conditions expérimentales et d’hypothèses. Le timing de la prise alimentaire est toujours fondamental : prise alimentaire tardive, contre prise alimentaire tôt dans la journée. L’hypothèse est que la prise alimentaire tardive favorisera un apport énergétique plus élevé, avec de nombreux paramètres mesurés visant à comprendre les mécanismes physiologiques en jeu. 16 participants, en surpoids ou obèses, ont successivement participé (dans un ordre aléatoire) aux deux conditions expérimentales, chaque sujet étant là encore son propre contrôle. Pendant 6 jours, les volontaires ont soit eu une prise alimentaire conséquente le matin, ou bien le soir. En fin de compte, les chercheurs ont pu montrer que la prise alimentaire élevée le soir : favorisait la sensation de faim dès le lendemain matin (significativement plus élevé que l’autre condition expérimentale) ; modifiait significativement la concentration d’hormones impliquées dans le contrôle de la prise alimentaire ; modifiait aussi significativement l’expression de gènes impliqués dans le stockage des lipides ; et enfin modifiait significativement la dépense énergétique dès le réveil.
Ces deux études, très similaires en termes de design expérimental, suggèrent donc qu’il vaut mieux prendre un petit-déjeuner copieux plutôt qu’un dîner de la même ampleur en termes d’apports énergétiques. Même si la première étude n’a pas permis de montrer une différence d’impact sur la prise de poids, les chercheurs estiment qu’un meilleur contrôle de la sensation de faim est de nature à favoriser, à terme, un apport énergétique moindre. Au-delà de la comparaison entre matin et soir, ces études renforcent aussi la pertinence de l’apport matinal en énergie.
Timing of daily calorie loading affects appetite and hunger responses without changes in energy metabolism in healthy subjects with obesity.
Article publié le 09 septembre 2022 dans Cell Metabolism.
Lien (open access) : https://doi.org/10.1016/j.cmet.2022.08.001
Late isocaloric eating increases hunger, decreases energy expenditure, and modifies metabolic pathways in adults with overweight and obesity.
Article publié le 04 octobre 2022 dans Cell Metabolism.
Lien (open access) : https://doi.org/10.1016/j.cmet.2022.09.007
Lire également l’éditorial associé à ces deux articles.
Breakfast keeps hunger in check.
Article publié le 04 octobre dans Cell Metabolism.
Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1016/j.cmet.2022.09.015
Crédits d’image : Wikimedia Commons.