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La Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC), actuellement en cours de préparation pour la période 2025-2030, se donne pour ambition de relever notamment trois défis majeurs :

  • Améliorer la santé nutritionnelle des Français
  • Réduire l’empreinte environnementale de l’alimentation
  • Garantir un accès équitable à des produits de qualité.

Elle s’appuie sur deux dispositifs déjà connus – le Programme national nutrition santé (PNNS) et le Programme national de l’alimentation (PNA) – qu’elle articule désormais à une dimension climatique, dans l’objectif de réorienter les pratiques agricoles, industrielles et de consommation. Les orientations stratégiques de la SNANC seront par la suite déclinées de manière opérationnelle par les prochains PNA 4 et PNNS 5 sur la période 2025-2030.

 

Des citoyens en demande de cap clair et d’objectifs mesurables

La consultation publique lancée au printemps 2025, qui a recueilli plus de 3 600 contributions, a montré une attente claire : la SNANC doit se traduire en trajectoires précises et mesurables.

Les citoyens appellent à réduire la consommation de viande, à soutenir massivement les protéines végétales et à accélérer le développement de l’agriculture biologique. La lutte contre les pesticides est fréquemment citée, tout comme l’intégration du bien-être animal dans les objectifs de la stratégie. Ces attentes font écho aux positions exprimées par les distributeurs dans leur tribune du 12 juin (voir notre article précédent), où ils plaidaient pour un affichage environnemental harmonisé et des règles communes afin de rendre visibles et compétitifs les produits durables.

Un enjeu de santé publique face au marketing alimentaire

Au-delà des enjeux environnementaux, la SNANC est perçue comme un levier de santé publique. Plus d’une contribution sur deux souligne l’urgence de protéger les enfants, exposés à un marketing agressif pour des produits trop gras, sucrés ou salés. Le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté (CNLE) insiste particulièrement sur ce point, dénonçant la faiblesse de la régulation actuelle et appelant à interdire ce type de publicité, y compris sur les réseaux sociaux. Le CNLE recommande également de limiter les promotions sur les produits malsains et de rendre le Nutri-Score obligatoire. Les citoyens, quant à eux, appellent à des campagnes nationales de sensibilisation, sur le modèle des « 5 fruits et légumes par jour », pour fournir des repères simples et positifs et favoriser une transition progressive des comportements alimentaires.

L’accessibilité sociale : un axe à développer

La question de l’accessibilité reste sensible. Le CNLE souligne l’écart grandissant entre les ambitions affichées et la réalité vécue par les ménages modestes. Il propose un financement pérenne des Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) pour soutenir les filières locales, une régulation des marges de la grande distribution et le développement de dispositifs dignes, comme les épiceries sociales mixtes, qui permettent de lutter contre la stigmatisation associée à l’aide alimentaire classique.

 

La SNANC bénéficie d’un large soutien dans ses grandes orientations : transition protéique, soutien à l’agriculture biologique, régulation du marketing alimentaire et justice sociale. Mais elle reste fragilisée par l’absence d’objectifs chiffrés clairs sur certains sujets et par un manque de lisibilité sur les financements. Entre les attentes citoyennes, les demandes des distributeurs et les recommandations du CNLE, la stratégie ne pourra devenir un véritable moteur de transformation – garantissant à tous une alimentation saine, durable et accessible – qu’en s’appuyant sur des moyens budgétaires robustes et un cadre réglementaire plus contraignant en matière de prix, de publicité et d’accessibilité.

 

Source :

Publication de l’avis du CNLE sur la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat

Mise en consultation de la Stratégie nationale pour l’Alimentation, la Nutrition et le Climat : la France se dote d’une politique de l’alimentation et de la nutrition ambitieuse et systémique