Cet article est PREMIUM, et nécessite un abonnement payant pour lire la suite
Créez votre compte dès maintenant puis contactez-nous pour accéder aux articles Premium et/ou Lettre Export.
Temps estimé - 4 min
Clarisse Lemaitre. D’après Le Nouvel Observateur, le 14 février 2013
5 millions de Français traités pour rien ? Dans un contexte où les maladies cardiovasculaires sont la seconde cause de mortalité dans notre pays, plusieurs scientifiques ont émis l’hypothèse que le cholestérol ne serait pas le « diabolique boucheur d’artères » décrié depuis les années 1980, et que les traitements pour baisser le taux de cholestérol (statines) serait inutiles voire dangereux.
Pilier de cette théorie, le professeur Philippe Even (ci-contre), auteur du médiatique « Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux », jette de nouveau une pierre dans le jardin de l’industrie pharmaceutique avec « La vérité sur le cholestérol ». Pour lui, « il n’y a pas de mauvais cholestérol, c’est une farce inventée par l’industrie ». Par ailleurs, il explique que la mortalité cardiovasculaire des patients traités pour hypercholestérolémie ne doit sa baisse de quelques pourcents qu’à la qualité des soins mis en œuvre en cas d’urgence et pas aux statines. Les études « prouvant » l’intérêt des statines seraient optimisées et arrangées dans le sens des industriels, et ne seraient donc pas fiables. Pour le Pr. Even, les statines représentent « deux milliards d’euros pour rien », sans compter les effets secondaires (10%) tels que des douleurs tendineuses et musculaires, des troubles de la mémoire…
Pour appuyer ces dires, le Pr. Philippe Legrand (directeur du laboratoire de nutrition humaine à Agrocampus-Ouest) rappelle que « le cholestérol n’est qu’un facteur de risque. Il a été choisi comme marqueur parce qu’il est simple à mesurer et à réduire. Mais réduire un marqueur ne réduit pas forcément la mortalité… »
De son coté, le Pr. Claude Le Feuvre, président de la Fédération française de cardiologie, insiste sur le fait que les statines ont tout de même montré un intérêt dans le cas de patients à risque avéré, en particulier ceux qui ont des antécédents cardiaques.
Ces spécialistes s’accordent sur le fait que le cholestérol est l’un des nombreux facteurs impliqués dans le risque cardiovasculaire, et qu’il vaudrait mieux prescrire un régime adapté (pauvre en graisses saturées, riches en fruits et légumes…) que des médicaments à la grande majorité des patients qui dépassent les seuils officiels de cholestérol sanguin.
Référence : Le Nouvel Observateur, N° 2519 du 14 février 2013, pages 80-87.