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Dans un contexte de transition alimentaire et de vieillissement de la population, une question revient souvent : peut-on augmenter la part des protéines végétales dans l’alimentation des personnes âgées sans compromettre leurs besoins nutritionnels ? Une étude récente de l’INRAE et AgroParisTech apporte un éclairage sur le sujet.
L’hypothèse de ce travail était que chez les personnes âgées, le potentiel pour augmenter la part de protéines végétales pourrait varier selon le besoin en protéines mais seulement de façon marginale, le pourcentage adéquat de protéines végétales était globalement similaire à celui des jeunes adultes.

Pour y répondre, les auteurs ont modélisé et optimisé le régime d’adultes français âgés (plus de 65 ans) en prenant en compte les valeurs de référence pour les nutriments – en distinguant 2 niveaux, standard (0,83 g/kg/j) et élevé (1 g/kg/jour), pour les protéines – ainsi que des risques de maladie et des habitudes de consommation des différentes catégories d’aliments. Ils se sont appuyés sur les données de consommation de l’étude INCA3 et sur les tables de composition CIQUAL.
Les régimes modélisés permettant de couvrir l’ensemble des besoins nutritionnels et de limiter les risques de maladies chroniques présentaient une part de protéines végétales (%PP) comprise entre 25 % et 70 %, quelle que soit l’hypothèse de besoin protéique (standard ou élevé). Au sein de cette plage, les apports en protéines totales et en acides aminés indispensables restaient suffisants. La digestibilité réduite des protéines végétales a été prise en compte sans entraîner de carence dans les modèles conformes aux besoins. Lorsque le %PP dépassait 70 %, certains nutriments, ceux majoritairement apportés par les produits animaux (produits laitiers, poissons, œufs) devenaient limitants, notamment l’iode, le calcium, le fer biodisponible, la vitamine B12, la vitamine A, la riboflavine, ainsi que les EPA/DHA.
Dans les scénarios avec besoin protéique élevé, la couverture protéique devenait un facteur contraignant à partir de 70 % de %PP, particulièrement chez les hommes. La contribution accrue des produits céréaliers permettait toutefois de satisfaire les exigences protéiques. Enfin, les analyses ont mis en évidence que certains groupes d’aliments végétaux – légumineuses, fruits à coque, légumes, fruits – jouaient un rôle central dans l’atteinte des niveaux élevés de %PP. Cependant, leur consommation était rapidement plafonnée par les limites d’acceptabilité définies dans le modèle.
En conclusion, chez les personnes âgées, il est possible d’augmenter la part des protéines végétales jusqu’à deux tiers de l’apport total, tout en assurant une couverture nutritionnelle complète et une réduction du risque de maladies chroniques. Toutefois, le maintien d’un apport suffisant en produits laitiers et de la mer reste nécessaire pour couvrir certains besoins clés. Au-delà de la question des protéines et des acides aminés, l’attention doit se porter sur l’ensemble des nutriments apportés par les sources protéiques, dans une logique de transition vers des régimes plus sains et durables.
« Plant to animal protein ratio in the diet of the elderly: potential for increase and impacts on nutrient adequacy and long-term health—a diet optimization study »
Article publié le 14 juin 2025 dans The American Journal of Clinical Nutrition
Lien (article payant) : https://doi.org/10.1016/j.ajcnut.2025.06.011
Photos d’illustration issue de la banque d’images Pexels. Crédits: SHVETS Production