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Les études épidémiologiques associant la consommation de produits laitiers (et plus particulièrement la matière grasse laitière) à des bénéfices physiologiques s’accumulent. Déjà, plusieurs travaux ont déjà associé la consommation de matière grasse laitière à un moindre risque de diabète de type 2 et de syndrome métabolique. Ces résultats surprennent d’autant plus que la plupart des recommandations nutritionnelles préconisent justement de réduire la consommation de matière grasse laitière, au nom de la limitation de l’apport en acides gras saturés. Cependant, au-delà des simples acides gras saturés, la matière grasse laitière fournit d’autres composés ayant potentiellement des actions physiologiques. Par ailleurs, les produits laitiers sont très divers, et il n’est pas à exclure que l’impact de la matière grasse laitière soit aussi fonction du fait qu’il s’agisse par exemple d’un produit fermenté (par exemple, fromage ou yaourt).
Les travaux de recherche épidémiologique se poursuivent donc pour tenter de comprendre comment la matière grasse laitière pourrait agir. Dans cette étude épidémiologique, ce sont les aspects cardiovasculaires qui ont été scrutés de près, avec les accidents cardiovasculaires cérébraux (AVC) et la mortalité toutes causes confondues. Comme toujours dans ce type d’étude, les chercheurs tentent de relier la consommation de matière grasse laitière avec le taux d’incidence d’AVC et le taux de mortalité. Au total, 4150 adultes en Suède ont été suivis : d’une part sur les taux d’incidence d’AVC et les taux de mortalité, et d’autre part avec des mesures plasmatiques destinées à témoigner de la consommation de matière grasse laitière. Pour ce faire, l’acide pentadécanoïque (C15 :0) a été utilisé comme biomarqueur de la consommation de matière grasse laitière. Avec ces données, les chercheurs ont pu corréler significativement une forte consommation de matière grasse laitière (telle que mesurée par les forts taux de C15 :0) avec une moindre incidence d’AVC ; autrement dit, un probable impact protecteur de la matière grasse laitière par rapport au risque cardiovasculaire.
Les chercheurs ont également procédé à une méta-analyse des études épidémiologiques disponibles, études reliant également les biomarqueurs de la consommation de matière grasse laitière avec l’incidence des AVC. Au total, 17 études épidémiologiques, plus les données issues de l’étude des auteurs, ont été incluses dans cette méta-analyse. En complément du C15:0, les acides heptadécanoïque (C17:0) et trans-palmitoléique (C16 :1 n-7 trans) ont été inclus dans les analyses. Et, de manière concordante, les acides C15:0 et C17:0, qui reflètent la consommation de matière grasse laitière, ont été significativement associés (corrélation inverse) avec l’incidence des AVC à l’issue de l’analyse groupée de ces 18 études.
Prudents, les auteurs concluent sur le besoin d’essais cliniques de supplémentation pour confirmer ces données, et également pour dégager des mécanismes d’action. Bien évidemment, les acides gras C15:0 et C17:0 sont ciblés, mais comme évoqué plus haut, la matière grasse laitière a une composition très complexe : de sorte que d’autres composés, même mineurs, peuvent potentiellement expliquer ces résultats positifs.
Biomarkers of dairy fat intake, incident cardiovascular disease, and all-cause mortality: A cohort study, systematic review, and meta-analysis.
Article publié le 21 septembre 2021 dans PLoS Medicine.
Lien (open access) : https://doi.org/10.1371/journal.pmed.1003763