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Le jus de betterave est régulièrement associé à des bénéfices physiologiques, les études montrant notamment une amélioration sur la vasodilatation et une diminution conséquente de la tension artérielle. Ces bénéfices ont largement été attribués aux nitrates inorganiques contenus naturellement dans le jus de betterave. Les nitrates organiques de la betterave peuvent en effet être réduits en nitrites dès la cavité buccale, ces derniers étant à leur tour réduits en oxyde nitrique (NO) dans l’estomac ; le NO est ensuite connu pour être un puissant vasodilatateur, et pourrait ainsi exercer les bénéfices qui lui sont attribués.

En dehors du trio nitrates/nitrites/oxyde nitrique, plusieurs travaux de recherche ont mis en évidence l’existence de molécules particulières : les S-nitrosothiols, autrement appelés thionitrites. Leur rôle précis est encore méconnu : certaines études ont suggéré un rôle déterminant dans les effets vasodilatateurs du NO, d’autres ont avancé l’hypothèse que ces molécules étaient capables de « stocker » le NO pour le libérer le moment venu. De fait, les S-nitrosothiols sont plus stables que le NO libre. Pour le moment, des études pré-cliniques montrent que les S-nitrosothiols augmentent suite à une ingestion de nitrates inorganiques ; mais aucune donnée clinique n’existe pour le moment.

C’est ce à quoi des chercheurs britanniques ont souhaité répondre, dans cette étude clinique qui a regroupé quatre recrutements au total. Différents tissus ont été analysés pour vérifier l’incorporation des S-nitrosothiols après ingestion de jus de betterave : globules rouges, sang total et plasma. Pour chacun de ces tissus, en plus des nitrosothiols, les teneurs en nitrates, nitrites et NO ont été analysés. Pour une des quatre études, un design avec placebo a été réalisé, c’est-à-dire avec un jus de betterave dépourvu de nitrites.

Dans toutes les études, la consommation de jus de betterave a bien conduit à une hausse des teneurs en S-nitrosothiols dans les tissus analysés. L’étude avec placebo confirme au passage que ce sont bien les nitrates alimentaires, qui expliquent la hausse en S-nitrosothiols.

C’est la première étude clinique à montrer que l’ingestion de nitrates alimentaires conduit à une hausse des concentrations en S-nitrosothiols. Reste à savoir si ces composés ont un réel impact physiologique comme les dérivés des nitrates, ou bien s’il s’agit juste de marqueurs de la consommation alimentaire de nitrates.

 

S-nitrosothiols, and other products of nitrate metabolism, are increased in multiple human blood compartments following ingestion of beetroot juice.

Article publié le 16 avril 2021 dans Redox Biology.

Lien (open access) : https://doi.org/10.1016/j.redox.2021.101974