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Le gluten est une protéine, naturellement présente dans céréales comme le blé, l’orge ou encore le seigle. Dans le régime occidental, la consommation de gluten est évaluée entre 5 et 20 g/jour. Malgré cette présence naturelle, le gluten concentre les doutes, conduisant notamment à l’émergence des alimentations sans gluten. Il est vrai que, dans le cas de la maladie cœliaque, la consommation de gluten conduit à de graves réponses immunitaires, qui peut parfois conduire dans les cas les plus graves à des atteintes de la fonction cognitive. C’est précisément la fonction cognitive qui est en jeu, plus particulièrement aux Etats-Unis où bon nombre de best-sellers ont extrapolé les résultats des personnes atteintes de maladie coeliaque aux personnes bien portantes. En réalité, aucune étude, pas même épidémiologique, ne permet d’établir de lien formel entre consommation de gluten et déclin de la fonction cognitive chez l’adulte bien portant.

Des chercheurs américains ont ainsi utilisé les données de la cohorte Nurses’ Health Study II (NHS II), qui rassemble des femmes âgées de 25 à 42 ans. Le recrutement de cette cohorte a démarré en 1989. Des informations relatives à l’alimentation des participantes ont été recueillies tous les quatre ans, à l’aide de questionnaires de fréquence alimentaire. Ce sont ces questionnaires qui ont permis d’estimer les apports en gluten, entre 1991 et 2015. Pour ce qui est du déclin cognitif, celui-ci a été mesuré à l’aide de la batterie de tests dits CogState, tests réputés pour mesurer de manière fiable le déclin cognitif chez l’adulte. Ces tests ont été effectués chez les mêmes participantes, entre 2014 et 2019.

Au total, ce sont les données de 13 494 femmes qui ont été analysées dans cette étude de long terme visant à relier consommation de gluten et déclin cognitif. Cependant, la consommation de gluten ne permet pas d’expliquer les résultats obtenus lors des tests cognitifs. Dit autrement, aucune association n’a été observée entre consommation de gluten et déclin cognitif au sein de cette cohorte.

Il s’agit de la toute première étude montrant une absence de lien entre consommation de gluten et fonction cognitive déclinante. Il en faudra sans doute plus pour lever complètement les doutes induits par des best-sellers aux Etats-Unis, malgré le fait qu’on ne sache pas expliquer physiologiquement comment le gluten pourrait, chez des personnes bien portantes, induire un déclin cognitif.

 

Long-term Intake of Gluten and Cognitive Function Among US Women.

Article publié dans JAMA Network Open le 21 mai 2021.

Lien (open access) : https://doi.org/10.1001/jamanetworkopen.2021.13020