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Dans le cadre de la ré-évaluation de la sécurité des additifs alimentaires, l’Efsa est chargée, entre autres, d’estimer l’exposition à chacun des additifs. Cette démarche est un des piliers de l’évaluation sanitaire, car elle permet de voir si la Dose Journalière Admissible (DJA) est dépassée. En théorie, un non-dépassement de la DJA indique une absence de danger pour la population générale.
En complément de ce processus de ré-évaluation qui demande du temps, la recherche avance. En France notamment, la cohorte Nutri-Net Santé, qui recueille les données de consommation de milliers de Français, permet normalement d’estimer l’exposition précise aux additifs alimentaires en France. L’équipe de recherche EREN, qui avait déjà publié l’an dernier l’occurrence des additifs dans les aliments, s’attaque désormais à l’estimation de l’exposition à ces mêmes additifs. Précisément, l’occurrence des additifs dans les aliments a permis d’avoir des données précises sur la quantité d’additifs dans les aliments. Couplées aux données de consommation de ces aliments, données recueillies par les relevés de consommation renseignés par les Nutrinautes, ceci permet aux chercheurs d’estimer l’exposition aux différents additifs, mais aussi de hiérarchiser les additifs entre-eux.
Les données concernent au total 106 489 adultes français et leur exposition à 90 additifs alimentaires (sur les 327 actuellement autorisés). Le podium des additifs les plus consommés par cette population sont les amidons modifiés (91,48% de la population exposée), l’acide citrique (91,15% de la population exposée) et les lécithines (86,57% de la population exposée). Les auteurs soulignent que d’autres additifs sujets à controverses sont bien placés dans ce classement, avec notamment les mono et diglycérides d’acides gras (78,1% de la population exposée) et les carraghénanes (77,5% de la population exposée). Il convient néanmoins de relativiser cette exposition concernant ces additifs : seules les carraghénanes ont une DJA associée, et cette DJA n’est dépassée par personne dans la cohorte Nutri-Net. Enfin, les auteurs ont pu déterminer des clusters, représentant les « contextes » de consommation et d’exposition aux additifs. Cinq clusters ont ainsi pu être déterminés, dont un correspond à une exposition globalement faible aux additifs alimentaires.
Globalement, ces calculs d’exposition sont inférieurs aux estimations de l’Efsa : les auteurs attribuent ce résultat au fait que les consommateurs français sont davantage sensibilisés au sujet des additifs alimentaires, avec pour conséquence une tendance à l’éviction des additifs. A la lumière des clusters mis en évidence, les auteurs évoquent à juste titre le fameux « effet cocktail » souvent mis en avant, car encore inconnu à ce jour : dans la mesure où il est impossible de tester scientifiquement toutes les combinaisons d’additifs, restreindre ces combinaisons par la mise en évidence de clusters particuliers peut donc s’avérer judicieux. En revanche, les auteurs ne soulignent pas assez que très peu de dépassements de DJA sont réellement constatés dans la cohorte NutriNet, ce qui permet en théorie d’écarter le danger associé à ces additifs.
Exposure to food additive mixtures in 106,000 French adults from the NutriNet-Santé cohort.
Article publié le 4 octobre 2021 dans Scientific Reports.
Lien (open access) : https://doi.org/10.1038/s41598-021-98496-6