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Les anomalies de fermeture du tube neural (AFTN) représentent une préoccupation majeure en santé publique, affectant plus d’une grossesse sur mille en France. Parmi les facteurs de risque identifiés figurent les antécédents familiaux d’AFTN, la prise de certains traitements (notamment antiépileptiques), le diabète, l’obésité et, crucialement, un apport insuffisant en folates chez la mère. Il est établi qu’un apport quotidien de 600 microgrammes de vitamine B9 est nécessaire, débutant au moins quatre semaines avant la conception et se poursuivant jusqu’à 12 semaines d’aménorrhée. Cependant, selon l’Enquête nationale périnatale 2021, moins d’un tiers des femmes en âge de procréer initient une supplémentation en vitamine B9 avant la grossesse, une proportion qui diminue davantage chez les femmes plus jeunes et moins éduquées.
Face à ce constat, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a proposé, dans une expertise publiée en décembre 2024, l’enrichissement systématique des farines de blé en acide folique à hauteur de 200 µg pour 100 g. Cette recommandation s’appuie sur des données internationales démontrant qu’une telle mesure conduit à une réduction significative des AFTN. Plus de 80 pays, conformément aux directives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) émises en 2023, ont déjà adopté cette stratégie avec des résultats probants. La farine de blé a été spécifiquement choisie en raison de son utilisation répandue dans des produits de consommation courante tels que le pain et les biscuits, accessibles économiquement à l’ensemble de la population.
Il est important de noter que cet enrichissement ne vise pas à remplacer la supplémentation individuelle recommandée pour les femmes envisageant une grossesse, mais à la compléter. L’objectif est de pallier les insuffisances d’apport en vitamine B9 dans la population générale, sans exposer celle-ci à des risques sanitaires. Parallèlement, l’Anses souligne la nécessité de renforcer la sensibilisation des professionnels de santé concernant la prévention des AFTN. Cela inclut l’information des femmes en âge de procréer sur l’importance d’une alimentation riche en légumes secs (tels que pois chiches et haricots rouges) et en légumes vert foncé (comme les épinards, brocolis et laitues), ainsi que sur le recours à une supplémentation en acide folique avant la conception et durant le premier trimestre de la grossesse.
La mise en œuvre de l’enrichissement des farines en acide folique soulève néanmoins des questions socio-économiques. L’Anses recommande une consultation approfondie des parties prenantes, à l’instar des démarches entreprises dans d’autres pays, notamment au Royaume-Uni, afin d’évaluer les implications et d’assurer une adoption harmonieuse de cette mesure. Cette approche concertée vise à optimiser l’efficacité de la prévention des AFTN tout en tenant compte des réalités économiques et sociales propres au contexte français.
En conclusion, l’enrichissement systématique des farines de blé en acide folique apparaît comme une intervention prometteuse pour réduire l’incidence des anomalies de fermeture du tube neural en France. Combinée à une sensibilisation accrue des femmes en âge de procréer et des professionnels de santé, cette stratégie intégrée pourrait significativement améliorer la santé périnatale et contribuer à la diminution des inégalités sociales en matière de santé.
Sources :
- Images : pexels.com
- Enrichir la farine en acide folique : une solution contre les malformations du tube neural chez les nouveau-nés | Anses – Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
- Acide folique : une nouvelle stratégie pour éviter les carences | La Revue du Praticien