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Carine DION. D’après Psychosom Med. (2017)
Pour la première fois des chercheurs mettent en évidence chez des humains sains, une interaction entre le microbiote intestinal et des régions du cerveau associées à l’humeur et au comportement.
Basé sur des modèles murins, il avait déjà été démontré un effet du microbiote intestinal sur l’émotion et le comportement social, notamment l’anxiété et la dépression. Cependant très peu d’évidence existe chez l’homme.
Pour cette étude, financée par le groupe Danone, l’équipe de Tillisch, a cherché à identifier les caractéristiques du cerveau et du comportement en fonction du profil du microbiote. Ainsi, 40 femmes, âgées de 18 à 55 ans, non obèses et en bonne santé ont fourni un échantillon fécal afin de réaliser un profiling microbien (16s rRNA profiling). Les femmes ont été placées en 2 groupes selon leur profil: 33 présentaient une plus grande quantité de bactéroides tandis que les 7 autres femmes avaient davantage de bactéries prevotella. D’autre part, des images de résonnance magnétique (IRM) de leur cerveau ont été enregistrées alors que ces femmes visualisaient des images d’individus, d’activités ou de choses qui évoquaient des réponses émotionnelles.
Les résultats montrent que le groupe ‘bactéroide’ présente une plus grande épaisseur de la matière grise sur le cortex frontal et l’insula, régions du cerveau impliquées dans le traitement d’informations complexes. Des volumes plus importants au niveau de l’hippocampe ont également été notés. Par contre, le groupe ‘prevotella’, montre davantage de connections entre les régions du cerveau liées à l’émotion, l’attention et le sensoriel, et des volumes de cerveau plus faibles dans plusieurs régions dont l’hippocampe. Ce dernier est moins actif lorsque les femmes du groupe ‘prevotella’ regardent des images négatives. Les sentiments tels que l’anxiété, la détresse et l’irritabilité, après visionnage d’images négatives sont également accrus dans ce groupe.
Ces résultats soutiennent le concept d’une interaction cerveau-intestin-microbiote chez les humains en bonne santé. Cependant il n’est pas encore clair si les bactéries intestinales influencent le développement et l’activité du cerveau lorsqu’un contenu émotionnel déplaisant est rencontré, ou si des différences existantes au niveau du cerveau influencent la flore intestinale. Les deux possibilités pourraient apporter une nouvelle vision sur les émotions humaines.
Tillisch K, Mayer E, Gupta A, Gill Z, Brazeilles R, Le Nevé B, van HylckamaVlieg JET, Guyonnet D, Derrien M, Labus JS. Brain structure and response to emotional stimuli as related to gut microbial profiles in healthy women. Psychosom Med. 2017 Jun 28