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Les vitamines B9 (folate) et B12 (cobalamine) sont reliées entre-elles sur le plan métabolique : elles participent toutes deux à la remythélation de l’homocystéine, créant ainsi un cycle où chaque molécule peut se reformer. Ces deux vitamines sont toutes aussi importantes l’une que l’autre sur le plan physiologique. La vitamine B12 est associée à la santé mentale ; de son côté, la vitamine B9 est surtout connue pour son implication dans la formation du tube neural chez le fœtus, conduisant ainsi à une vaste campagne de fortification des produits en folates. Cette crainte de malformation a aussi entraîné chez les consommateurs une consommation accrue de folates.
Toutes les vitamines ont un apport optimal, avec des risques associés aussi bien en cas de carences qu’en cas d’excès. Des carences en vitamine B12 exposent les personnes à des risques cognitifs : notamment les personnes âgées, avec un déclin potentiellement plus rapide. De plus, depuis quelques années, des chercheurs ont émis l’hypothèse que ce déclin pouvait être aggravé par un excès de vitamine B9. Les données manquent cependant sur ce sujet : les études in vivo ne sont pas suffisantes ; les études observationnelles chez l’Homme ne permettent pas d’éliminer l’effet de l’âge sur le déclin cognitif, pour pouvoir formellement attribuer la responsabilité au statut en vitamines B9 et B12.
Dans cette étude, des chercheurs américains ont travaillé sur les données de la cohorte NHANES aux Etats-Unis. Cette cohorte, regroupant près de 2500 personnes de plus de 60 ans, a été suivie entre 2011 et 2014. Les chercheurs, à partir des mesures des taux circulants de vitamines, ont pu stratifier les statuts en vitamine B9 et B12 pour tous les volontaires. Le déclin cognitif a été mesuré avec plusieurs tests comportementaux. L’apport méthodologique notable de cette étude correspond au suivi des volontaires : de ce fait, l’effet de l’âge sur le déclin cognitif peut être pris en compte, de manière à clairement visualiser l’effet des statuts vitaminiques. Ainsi, dans leurs analyses, les chercheurs ont montré que les populations ayant un statut élevé en folates, mais un très faible statut en vitamine B12, étaient les plus à risque de présenter un déclin cognitif. À noter, toujours d’après leurs analyses, que les forts taux de folates sont globalement associés à une meilleure cognition ; cependant, comme relevé, cela cache des disparités entre personnes, précisément celles qui ont aussi des forts taux de vitamine B12, mais aussi celles qui n’en n’ont pas suffisamment.
Au-delà des questions sur la validité des marqueurs biologiques utilisés pour déterminer le statut en vitamine B12, ces travaux valideraient pour la première fois l’hypothèse d’une interaction entre vitamine B9 et vitamine B12, qui agirait sur le déclin cognitif. En termes de santé publique, l’accent serait donc plus à mettre sur les apports en vitamine B12 et d’éventuelles fortifications d’aliments, pour faire moins pencher la balance du côté de la vitamine B9.
High folic acid or folate combined with low vitamin B-12 status: potential but inconsistent association with cognitive function in a nationally representative cross-sectional sample of US older adults participating in the NHANES.
Article publié le 29 août 2020 dans The American Journal of Clinical Nutrition.
Lien (open access) : https://doi.org/10.1093/ajcn/nqaa239
Lire également l’éditorial associé : Adverse effects on cognition caused by combined low vitamin B-12 and high folate status—we must do better than a definite maybe!
Editorial publié le 23 octobre 2020 dans The American Journal of Clinical Nutrition.
Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1093/ajcn/nqaa286