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Par Marie Déniel. D’après Reuters, 14 avril 2008
Ce week-end, la communauté internationale a reconnu l’urgence d’une action concrète au niveau planétaire afin de palier la flambée du prix des denrées alimentaires. Robert Zoellick, président de la Banque mondiale a précisé que cette envolée des prix devait être au centre des préoccupations des gouvernements. Et pour cause, ces dernières semaines, de violentes manifestations contre cette tendance sont apparues dans plusieurs pays du tiers-monde (Haïti, Egypte, Cameroun, Niger, Burkina-Fasso, Mauritanie, Indonésie, Philippines …) causant ainsi plusieurs dizaines de morts.
Selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), ce sont 37 pays qui sont aujourd’hui menacés de crises alimentaires. Par ailleurs, le 1er ministre britannique Gordon Brown a promis de soulever la question lors du prochain sommet du G8, perspective trop lointaine selon Robert Zoellick qui a déclaré : « cette réunion est en juin, et nous ne pouvons plus attendre ».
Selon les données de l’Onu, les prix alimentaires ont globalement augmenté de 35% entre fin janvier 2007 et fin janvier 2008, accélérant une tendance amorcée en 2002. Depuis cette date, les prix se sont envolés de 65%. Pour la seule année 2007, les chiffres de la FAO montrent une hausse de 80% pour les produits laitiers, de 42% pour les céréales (+120% pour le blé) et le prix du riz s’est envolé de 75% ces 2 derniers mois. Le problème est d’autant plus important que la part du revenu consacrée à l’alimentation atteint jusqu’à 75% dans les pays pauvres versus 10 à 20% dans les pays riches.
Parmi les facteurs mis en cause, les biocarburants sont montrés du doigt avec une utilisation croissante des terres arables pour produire cette nouvelle énergie. Interrogé sur la possibilité de modifier l’ambitieuse politique de la France dans ce domaine, le ministre de l’Agriculture Michel Barnier a déclaré que la production des biocarburants ne couvrait que 7% des surfaces françaises alors qu’au moins un quart des surfaces américaines de maïs et plus de la moitié de celles de canne à sucre au Brésil sont consacrées à la production de bioéthanol. Et parmi les autres facteurs listés par les experts figurent la hausse de la demande dans des pays en pleine croissance (Chine et Inde), la sécheresse qui frappe de grands producteurs (Australie) ou encore la spéculation sur les marchés agricoles.
La Banque mondiale, elle, avertit que l’inflation alimentaire n’est pas un phénomène temporaire et que les cours devraient rester supérieurs à ceux de 2004 jusqu’en 2015. La première urgence est donc de renflouer le Programme alimentaire mondial des Nations unies, dont le déficit de financement atteint 500 millions de dollars, souligne la Banque mondiale qui s’engage par ailleurs à doubler le volume de son prêt en Afrique subsaharienne pour accroître la productivité.
Alors que l’Union européenne a réduit son aide au développement en 2007, Robert Zoellick a prévenu que l’actuelle crise alimentaire « aura pour effet de retarder de sept ans les efforts visant à réduire la pauvreté à l’échelle mondiale et aggravera la malnutrition. Pour l’avenir, l’enjeu est une perte de possibilité d’apprentissage pour les enfants et les adultes, synonyme de retard de croissance intellectuelle et physique », a-t-il souligné.
Source : http://fr.reuters.com