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Les études explorant les effets santé des produits laitiers se sont majoritairement focalisées sur la santé osseuse, métabolique et cardiovasculaire. Par exemple, concernant le diabète de type 2, de nombreuses études épidémiologiques ont suggéré un effet protecteur de la consommation de produits laitiers. Le lien avec le déclin cognitif peut être établi, dans la mesure où le diabète de type 2 est un facteur de risque bien connu du déclin cognitif lié à l’âge. Par suite, l’hypothèse serait donc que la consommation de produits laitiers protégerait du déclin cognitif, en réduisant l’un des facteurs de risques associés.
Concernant le déclin cognitif en lien avec la consommation de produits laitiers, les études épidémiologiques effectuées jusqu’à présent sont contradictoires. Une étude a associé une forte consommation de produits laitiers à une protection contre le déclin cognitif lié à l’âge ; d’autres n’ont pas retrouvé cette association ; des associations négatives ont même été retrouvées. Ceci pourrait s’expliquer entre autres par la quantité de matière grasse laitière, tous les produits laitiers n’en contenant pas de manière équivalente. En l’occurrence, la matière grasse laitière pourrait avoir un rôle bénéfique. L’hypothèse d’un effet spécifique des produits laitiers fermentés n’est pas non plus à exclure.
Cette étude épidémiologique transversale vise précisément à alimenter le pool de connaissances scientifiques sur le sujet. Des données de 6744 personnes, âgées de 55 à 75 ans, ont été analysées. Plus précisément, les données de consommations alimentaires (questionnaires) ont été exploitées, pour en tirer spécifiquement celles liées aux produits laitiers. En outre, le risque de développer un déclin cognitif a été étudié à l’aide du questionnaire Mini-Mental State Examination (MMSE), qui est un test d’évaluation des fonctions cognitives validé notamment par la Haute Autorité de Santé (HAS).
D’une part, les chercheurs ont stratifié les résultats selon la quantité de lait et de produits laitiers consommés, c’est-à-dire en quartiles (quatre tranches). Selon cette stratification, et sans ajustement sur les autres facteurs de confusion, les scores MMSE tendent à diminuer au fur et à mesure que la consommation de produits laitiers augmente (donc dégradation du déclin cognitif). En stratifiant sur les scores MMSE, et cette fois en prenant la consommation de différents types de produits laitiers, les chercheurs ont constaté que ce score s’améliorait au fur et à mesure que les produits fermentés et non fermentés étaient moins consommés ; et au fur et à mesure que les produits laitiers entiers étaient consommés. Tenant compte des facteurs de confusion, les modèles ajustés confirment que les produits laitiers au total sont globalement négativement associés au score MMSE, ainsi que les produits laitiers fermentés. Une association neutre est en revanche observée pour les produits laitiers entiers.
Cette étude suggère donc que les produits laitiers dans leur ensemble sont associés à un déclin cognitif plus rapide. L’association neutre entre spécifiquement les produits laitiers entiers et le déclin cognitif suggère un rôle spécifique de la matière grasse laitière qui, à défaut d’avoir un impact négatif, pourrait avoir un effet neutre. Cependant, l’étude étant transversale, le biais de causalité inverse ne peut pas être exclu. De plus amples travaux, au moins prospectifs, sont nécessaires pour confirmer ces tendances.
Milk and Dairy Products Intake Is Related to Cognitive Impairment at Baseline in Predimed Plus Trial.
Article publié le 20 janvier 2021 dans Molecular Nutrition & Food Research (MNFR).
Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1002/mnfr.202000728