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On estime que 22% de l’empreinte carbone française est due à l’alimentation et qu’une proportion importante de cette part est attribuée à l’élevage. Réduire la consommation de viande figure donc parmi les principales solutions pour réduire cet impact environnemental, mais la question se pose de savoir comment procéder sans compromettre les besoins nutritionnels ni aggraver d’autres impacts environnementaux (eutrophisation, consommation d’eau, utilisation des sols, énergie…).
Un rapport du Réseau Action Climat et de la Société Française de Nutrition, publié en février 2024 a suggéré d’adapter les recommandations du Programme National Nutrition Santé (PNNS) afin de prendre en compte l’impact environnemental des régimes alimentaires.
L’objectif principal était d’identifier les ajustements alimentaires nécessaires, en plus de la réduction de 50 % de la consommation de viande, pour diminuer l’empreinte carbone des régimes alimentaires tout en respectant les recommandations nutritionnelles. L’étude visait également à maintenir un équilibre vis-à-vis d’autres dimensions environnementales et à éviter le recours à des compléments alimentaires ou à des aliments enrichis.
Pour cela, les auteurs se sont appuyés sur une approche de modélisation et d’optimisation de régimes. Les régimes modélisés devaient :
- Contenir 50% de viande en moins comparé au régime moyen
- Être en adéquation avec les recommandations françaises d’apports en nutriments
- Être en accord avec les recommandations du PNNS 4
- Ne pas contenir d’aliments enrichis ou de suppléments alimentaires
- Réduire l’impact carbone sans altérer d’autres mesures d’impact environnemental (eau utilisée, eutrophisation, acidification des sols, surface agricole, utilisation d’énergie)
- S’éloigner le moins possible du régime observé
Deux contraintes ont aussi été ajoutées aux modèles : la quantité de produits laitiers à consommer par jour (2 ou 3) et le taux de réduction de l’impact carbone (de 0% à -50%). À partir de tout cela, 10 régimes différents ont été déterminés et testés.
Les principaux groupes alimentaires du régime observé et des régimes modélisés sont présentés dans la figure ci-dessous :
Par construction, les régimes modélisés devaient répondre aux recommandations d’apport pour tous les nutriments. Ainsi, dans les 10 régimes, les quantités d’acide gras saturés, et de sel ont été diminuées et les déficiences observées dans le régime moyen ont été résolues (potassium, magnésium, vitamines E, B9 et C). D’un point de vue environnemental, les dix régimes modélisés permettraient de réduire à la fois l’impact carbone, mais aussi toutes les autres mesures environnementales, sauf l’utilisation d’eau qui serait inchangée dans 5 des 10 régimes. Ces scénarios permettraient aussi une réduction du coût de l’alimentation allant de -7% à -18%.
Les auteurs ont considéré que le régime offrant le meilleur compromis en termes d’impact carbone et de composition nutritionnelle serait le régime « 3D, 35% CI ». Ce régime contenait de la viande, du poisson ou des œufs presque tous les jours, trois produits laitiers par jour, beaucoup de produits végétaux entiers ou peu transformés, dont 65 g/jour de légumineuses et 30g/jour de noix, et 2,5 fois moins de produits riches en sel/gras/sucre que le régime actuel moyen.
« How to conciliate nutritional and environmental targets of adult diet in France while halving current meat consumption? »
Article publié le 30 novembre 2024 dans les Cahiers de Nutrition et de Diététique
Lien (article en accès libre) : doi.org/10.1016/j.cnd.2024.11.001
Photos d’illustration issues de la banque d’image Pexels. Crédits : Malidate Van & Alena Koval.