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Par Marie Déniel. D’après un communiqué de l’INRA, 12 novembre 2008.
Les chercheurs du laboratoire "Ecologie et physiologie du système digestif" de l’INRA ont mis en évidence le rôle clé joué par une enzyme de notre flore dans les processus de toxicité d’une amine hautement génotoxique formée lors de la cuisson de la viande et du poisson.
Parmi les substances les plus génotoxiques identifiées jusqu’à présent, on connaît les amines hétérocycliques, formées lors du grillage de la plupart des aliments. Chez l’Homme, des études épidémiologiques indiquent que la consommation de viande grillée est corrélée à un risque accru de développer un cancer, en particulier au niveau du côlon. Certes, des processus enzymatiques de détoxication interviennent au cours de la digestion pour neutraliser la génotoxicité de ces amines ; cependant, dans notre tube digestif se trouve aussi une flore complexe qui constitue un véritable réservoir d’activités enzymatiques, aux effets plus ou moins désirables. Ainsi, de précédentes études ont montré que la flore intestinale aggravait la génotoxicité d’une amine parmi les plus répandues, la 2-amino-3-méthylimidazo[4,5-f]quinoline (IQ).
L’équipe INRA a mis en évidence que des enzymes de la flore intestinale, les bêta-glucuronidases, étaient capables de régénérer les composés glucuronidés en amines d’origine (IQ) ou en intermédiaires toxiques. Pour cela, ils ont colonisé des rats sans germe avec une bactérie possédant ou non une activité enzymatique "bêta-glucuronidase", et leur ont fait consommer des amines (IQ). Résultats : les lésions génotoxiques intestinales étaient trois fois moindres chez les rats qui ne possédaient pas de bêta-glucuronidases. De plus, l’IQ et ses métabolites étaient, chez ces derniers, éliminés plus rapidement de l’organisme. Ces travaux sont les premiers à démontrer le rôle des bêta-glucuronidases de la flore intestinale dans la toxicité d’un cancérogène alimentaire.
A terme, ces résultats devraient aider à l’établissement de recommandations alimentaires, en encourageant par exemple la consommation d’oligosaccharides prébiotiques, qui sont capables de diminuer l’activité des bêta-glucuronidases. Les travaux des chercheurs se poursuivent pour élucider les interactions aliment-microbiote-hôte et leurs impacts sur le fonctionnement du système digestif.
Référence : Humblot C, Murkovic M, Rigottier-Gois L, Bensaada M, Bouclet A, Andrieux C, Anba J, Rabot S. Beta-Glucuronidase in human intestinal microbiota is necessary for the colonic genotoxicity of the food-borne carcinogen 2-amino-3-methylimidazo[4,5-f]quinoline in rats. Carcinogenesis, 28(11): 2419-25. 2007.