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Le débat sur l’usage de termes comme “steak” ou “burger” pour désigner des produits d’origine végétale continue d’agiter les institutions européennes. Après la publication, le 16 juillet dernier, d’un projet de règlement de la Commission européenne (voir notre article), le Parlement européen a voté début octobre en faveur d’une version plus stricte, interdisant l’emploi de ces dénominations pour les produits ne contenant pas de viande. Ce vote marque une étape décisive dans la révision du règlement (UE) n°1308/2013 sur les normes de commercialisation des denrées alimentaires.
Une proposition initiale de la Commission modérée
Pour rappel, comme nous l’indiquions dans notre article publié début septembre, Commission européenne avait initialement proposé un texte centré sur la protection de 29 termes strictement associés à la viande — tels que bœuf, porc, poulet, bacon ou filet. Le projet de juillet n’interdisait pas explicitement les appellations génériques comme “steak”, “burger” ou “saucisse”, considérant qu’elles relevaient d’un usage courant et pouvaient rester légitimes à condition d’être accompagnées d’une mention claire du caractère végétal. L’objectif affiché était avant tout d’améliorer la transparence pour les consommateurs et de protéger les producteurs européens soumis à des normes de production élevées, tout en reconnaissant la valeur culturelle attachée aux termes carnés.
Un durcissement politique au Parlement européen
Le 8 octobre 2025, les eurodéputés ont adopté à 355 voix (247 voix contre et 30 abstentions) un amendement à la proposition de règlement modifiant les règlements (UE) n° 1308/2013, (UE) 2021/2115 et (UE) 2021/2116 concernant le renforcement de la position des agriculteurs dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire.
Cet amendement précise que notamment que les dénominations utilisées pour les produits à base de viande et les préparations de viande sont réservées exclusivement aux produits contenant de la viande. Il y est précisé que ces dénominations incluent, par exemple : Steak, Escalope, Saucisse, Burger, Hamburger, Jaune d’œuf, Blanc d’œuf. L’utilisation des termes comme « steak végétal » ou « burger végétal » serait donc clairement interdite.
Les partisans du texte invoquent la nécessité de protéger les appellations traditionnelles et de prévenir la confusion des consommateurs, tandis que ses opposants — dont de nombreuses associations et acteurs du secteur végétal — y voient un frein à l’innovation et une mesure dictée par le lobby de l’élevage. Pourtant le BEUC indique que près de 70% des consommateurs européens comprennent sans ambiguïté la signification de ces termes lorsqu’ils sont associés à une mention claire de leur origine végétale, autrement dit quand ils sont étiquetés comme végan ou végétariens.
Une procédure encore en cours
Quoi qu’il en soit, ce vote du Parlement ne clôt pas le processus législatif : la proposition de règlement doit encore être examinée par le Conseil de l’Union européenne, avant d’éventuelles négociations interinstitutionnelles. Le texte pourrait donc encore évoluer avant son adoption finale.
Pour les entreprises du secteur des alternatives végétales, il s’agit là néanmoins d’un signal fort : la réglementation européenne s’oriente vers une protection accrue des termes carnés, susceptible d’entraîner une refonte de l’étiquetage et du marketing des produits à base de protéines végétales.
Sources :
Communiqué de presse « Les députés européens soutiennent les changements visant à renforcer la position des agriculteurs dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire », Parlement européen, 08/10/2025.