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Les allégations nutritionnelles, bien que moins « puissantes » que les allégations de santé, permettent quand même aux opérateurs de communiquer de manière positive sur leurs produits alimentaires. Par définition, ce type d’allégation peut être fait lorsque l’aliment a un certain profil nutritionnel. Les travaux de recherche en comportement du consommateur ont déjà montré que ces allégations créaient un « effet halo », c’est-à-dire que le consommateur aura tendance à penser que le produit est globalement bon pour la santé (alors que l’allégation ne porte que sur un nutriment en particulier).
L’article porte sur un aspect relativement moins exploré, mais qui découle de cette généralisation d’une allégation à un produit : l’allégation conduit-elle à un effet halo concernant d’autres aspects sans rapport avec l’allégation, comme par exemple d’autres nutriments ? C’est ce que des chercheurs allemands, américains et néerlandais ont tenté de comprendre. Partant de l’allégation « allégé en matière grasses », les chercheurs ont voulu savoir si cette allégation induisait une certaine perception des taux de sucres par les consommateurs ; taux de sucres qui ne sont absolument pas concernés par l’allégation.
Trois expériences ont pour cela été effectuées. Dans la première expérience (356 personnes), trois packs d’un même produit (yaourt aux fruits) ont été visualisés : le premier était un pack normal (contrôle), le deuxième comportait une mention « allégé en matière grasses », et le troisième identique au précédent mais avec un logo renforçant l’allégation nutritionnelle. De manière importante, les valeurs nutritionnelles n’étaient pas indiquées. Pour chaque version du pack, les participants devaient noter leur perception concernant la valeur énergétique du produit, mais aussi ses taux de sucres et de lipides. Les chercheurs ont bien constaté un effet de l’allégation sur la perception des taux de lipides, ce qui est était attendu (et correspond à la réalité). Mais les chercheurs ont constaté une « généralisation » de l’allégation, au sens d’une perception plus favorable du produit en termes de teneur en énergie ; ce résultat avait déjà été montré par d’autres chercheurs. Ici, le résultat nouveau concerne la perception des taux de sucres : non contents de mieux percevoir le produit en termes de matières grasses et de quantité d’énergie, les participants ont aussi perçu que les taux de sucres étaient moindres pour les deux packs expérimentaux – ce que les chercheurs appellent un effet « spillover ».
Dans une deuxième expérience (251 personnes), les chercheurs ont souhaité voir l’impact de l’allégation « allégé en matières grasses » sur l’intention d’achat virtuel des consommateurs. Les mêmes questions que lors de la première expérience ont été posées, en plus de celle de l’intention d’achat. Par ailleurs, plusieurs packs du yaourt aux fruits ont été élaborés : avec ou sans l’allégation, et avec ou sans les valeurs nutritionnelles. Cette expérience confirme l’effet « spillover », les participants percevant des taux de sucres réduits ; cet effet est annulé en présence des valeurs nutritionnelles.
La troisième expérience est quasi-identique à la précédente, à la seule différence que les participants (203 personnes) ont évalué deux fois le yaourt aux fruits : d’abord sans les valeurs nutritionnelles, puis avec les valeurs nutritionnelles. Des résultats similaires à la précédente expérience ont été retrouvés.
Il s’agit de la première étude mettant en évidence un effet « spillover » d’une allégation nutritionnelle : la généralisation d’une allégation au sens de la perception globale du produit était connue, mais le « spillover » appliqué à un nutriment sans rapport avec l’allégation n’avait pas encore été mis en avant. Ces résultats, selon les chercheurs, ont des implications à la fois à l’échelle des consommateurs ; mais aussi à l’échelle des politiques de santé publique, puisque ces travaux concernent la perception des taux de sucre dans des produits alimentaires.
Truthful yet misleading: Consumer response to ‘low fat’ food with high sugar content.
Article publié le 25 mai 2023 dans Food Quality and Preference.
Lien (accès restreint) : https://doi.org/10.1016/j.foodqual.2023.104900