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Le propionate (ou acide propionique) représente à la fois un additif alimentaire (E280 en l’occurrence), mais aussi un acide gras à chaîne courte produit de manière endogène par le microbiote intestinal. Difficile donc de savoir si le propionate est bonne ou mauvaise pour la santé, puisque cela dépend de l’angle choisi. Du point de vue des additifs alimentaires, le propionate a évidemment une connotation négative, car les additifs sont regardés avec méfiance par les consommateurs depuis plusieurs années. Ce regard vaut pour tous les additifs, y compris pour le propionate et ses dérivés (propionate de calcium notamment, E282) pour lesquels le corpus scientifique est quasi-inexistant. Bien sûr, les études de toxicologie sur rongeur existent, puisque celles-ci sont à la base de l’évaluation de la sécurité des additifs par l’Efsa. En revanche, les études sur les effets nutritionnels de ces additifs manquent cruellement, y compris des études cliniques.

Dans cette étude clinique, des chercheurs américains ont tenté de comprendre les effets à très court terme d’une consommation d’E282. 28 volontaires ont été recrutés, et ont chacun passé la condition « placebo » et la condition « expérimentale » (1500 mg d’E282). Dans chaque condition, pendant une semaine, les volontaires ont eu pour consigne de ne pas consommer d’aliments contenant du E282. Pour encadrer cette semaine, deux visites : une au début et une en fin d’intervention, qui ont permis de mesurer divers paramètres métaboliques chez les volontaires. La mesure de ces paramètres s’est faite juste après l’ingestion des 1500 mg d’E282, ou bien de l’équivalent en placebo. L’objectif des chercheurs est évidemment de voir des différences entre les deux conditions.

Globalement, des différences ont été retrouvées sur la sécrétion de glucagon, mais aussi d’épinéphrine et de norépinéphrine. Ce qui amène les chercheurs à la conclusion selon laquelle le E282 viendrait perturber la santé métabolique, parlant notamment de « perturbateur endocrinien ». La force de l’étude réside en la dose d’E282 utilisée : même si elle peut paraître forte au premier abord, cela correspond à ce qui est retrouvé dans les aliments en tant que conservateur. En revanche, un défaut majeur de cette étude vient de l’absence des taux circulants de propionate : impossible donc de vérifier que les volontaires du groupe « expérimental » ont bien plus de propionate circulant que les volontaires du groupe « contrôle ». Difficile également de croire que les volontaires des deux groupes ont parfaitement exclu le propionate de leur alimentation, puisque le propionate est synthétisé par le microbiote intestinal à partir des fibres alimentaires ; d’ailleurs, cette double origine du propionate n’est jamais mentionnée dans l’article. D’autres investigations cliniques, voire même pré-cliniques pour plus de précisions, sont donc attendues avant de remettre en cause la sécurité du E282.

 

Acute effects of the food preservative propionic acid on glucose metabolism in humans.

Article publié le 26 juillet 2021 dans BMJ Open Research Diabetes & Care.

Lien (open access) : http://dx.doi.org/10.1136/bmjdrc-2021-002336