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Sous-marin, habitat spatial, salles techniques sans fenêtres : les environnements confinés exposent à un stress psycho-physiologique chronique qui peut dérégler l’horloge interne, le sommeil et l’immunité.
Une étude clinique récente a suivi, pendant 28 jours, des adultes en espace clos standardisé pour documenter les variations du microbiote intestinal, du métabolome sérique et de biomarqueurs inflammatoires.
Les auteurs ont cherché à caractériser la dynamique des communautés microbiennes intestinales et des métabolites circulants lors d’une exposition prolongée à un milieu fermé, et à détecter d’éventuels signaux inflammatoires systémiques associés. L’hypothèse était qu’un environnement clos, même avec une alimentation contrôlée, remodule la structure du microbiote et redirige les voies métaboliques, avec à la clé une augmentation de marqueurs inflammatoires au fil du temps.
Neuf volontaires masculins en bonne santé ont vécu 28 jours dans un espace confiné avec des repas standardisés (24 % de protéines, 21 % de lipides, 55 % de glucides ; 25 g/j de fibres ; pas de café/thé/alcool/épices). Des prélèvements fécaux et sanguins ont été réalisés avant l’entrée (J0), puis à J14 et J28.
Sur le microbiote, au fil du temps, une hausse de Firmicutes et de Proteobacteria avec une diminution continue de Bacteroidetes/Bacteroides pouvait être observée, alors que le ratio F/B et les indices de diversité α restaient non modifiés. Côté métabolomique :
- entre J0 et J14 , 116 métabolites différentiels (86 ↑ / 30 ↓) étaient modifiés, dominés par une activation des voies de biosynthèse des acides aminés ;
- entre J0 et J28, 155 métabolites (92 ↑ / 63 ↓) avec enrichissement de la biosynthèse des hormones stéroïdes ;
- entre J14 et J28, enrichissement de la biosynthèse des acides gras
Enfin, le profil inflammatoire sérique montre, à J28, une élévation d’IL-2 et de CCL23, témoignant d’une activation immunitaire modérée en fin d’exposition.
→ en conclusion, malgré une alimentation contrôlée et une diversité microbienne globalement préservée, 28 jours d’environnement confiné s’accompagnent de remaniements de composition et d’une reprogrammation métabolique temporelle : d’abord centrée sur les acides aminés (J14), puis orientée vers la stéroïdogenèse et la lipogenèse (J28). En parallèle, l’augmentation d’IL-2/CC23 suggère l’émergence d’une activité inflammatoire.
Plusieurs limites existent. Tout d’abord les résultats reposent sur un petit échantillon (n=9, hommes uniquement), sur seulement trois points de mesure et sur 28 jours d’exposition, ce qui limite la puissance statistique et la généralisation. Les approches utilisées offrent une vision globale mais non causale. Enfin, l’absence de bras contrôle “non confiné” en parallèle et l’impossibilité d’attribuer les effets à des sous-composantes de l’environnement (stress psychologique, confinement sensoriel, hygiène de l’air) invitent à des études plus longues.
« Effects of prolonged confined space operations on human gut microbiota and serum metabolome »
Article publié le 22 octobre 2025 dans Human Nutrition & Metabolism
Lien (article en accès libre) : https://doi.org/10.1016/j.hnm.2025.200347
Photo d’illustration issue de la banque d’images Pixabay.