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Dans une étude récente de Samantha Nikita Heerschop et al., publiée en octobre dernier dans le journal Current Developments in Nutrition, les auteurs questionnent la pertinence de ne considérer que les apports bruts en protéines dans les populations adultes européennes, et introduisent un indicateur plus fin intégrant la digestibilité et le profil en acides aminés indispensables.
L’objectif de l’étude était de fournir une vue d’ensemble des apports protéiques, tant bruts que « utilisables », en tenant compte de la qualité protéique. Dans un contexte où, historiquement, les apports protéiques étaient élevés et majoritairement d’origine animale, les auteurs se demandaient si, avec l’essor potentiel de régimes plus végétalisés, la qualité protéique pourrait devenir un enjeu.
Pour évaluer la prévalence d’un apport protéique insuffisant en Europe, les auteurs ont développé le score « Protein Adequacy and Quality Score (PAQS) ». Ils ont appliqué ce score à des adultes âgés de 18-64 ans (39 542 au total) qui avaient répondu à des enquêtes nationales (25) de consommation alimentaire (les données ont été extraites à partir d’une base de donnée de l’EFSA). Le PAQS calcule un ratio entre l’apport quotidien en « protéine utilisable » et les besoins estimés. La « protéine utilisable » est déterminée repas-par-repas, en tenant compte de la digestibilité protéique, du profil en acides aminés essentiels et de l’apport brut en protéines. Les données liées aux déclarations énergétiques biaisées, aux variations intra-individu et à la distribution non normale des apports ont été ajustées.
Sur le plan des résultats, les apports en protéines brutes montrent une prévalence d’insuffisance très faible (inférieure à 1 % chez les deux sexes). En revanche, lorsqu’on considère la protéine utilisable, la prévalence d’insuffisance varie notablement entre pays : par exemple, chez les femmes, elle va de 0 % (Espagne) à 7 % (Autriche), mais atteint jusqu’à 17 % en Allemagne. Pour les hommes, elle varie de 0 % (Monténégro) à 6 % en Allemagne.
Dans la discussion, les auteurs soulignent que ces résultats suggèrent qu’il n’y a pas, à ce jour, de problème urgent de qualité protéique dans les régimes d’adultes en Europe en bonne santé. Toutefois, la variation pays par pays, et en particulier le cas des femmes en Allemagne, invite à une vigilance accrue. Ces différences pourraient refléter :
- des choix alimentaires,
- une moindre proportion de protéines animales de haute qualité,
- ou une répartition des apports protéiques moins favorable (repas peu complémentaires).
Le passage vers davantage de protéines végétales, s’il ne tient pas compte des besoins en acides aminés indispensables et de digestibilité, pourrait poser un risque futur, selon les auteurs.
En conclusion, cette étude propose un outil utile (PAQS) pour aller au-delà du simple quantitatif des protéines, vers une évaluation de leur « utilisabilité ». Pour les acteurs du secteur de l’agroalimentaire et de la nutrition, cela suggère que l’enjeu n’est pas seulement une question de quantité de protéines ingérées mais aussi « quelle qualité, à quel repas, dans quel contexte alimentaire ».
Source : Protein Adequacy in Europe: Adjusting Crude Intakes Using the Protein Adequacy and Quality Score (PAQS), Heerschop, Samantha Nikita et al. Current Developments in Nutrition, Volume 9, Issue 10, 107539.
Crédit photo : Pexels.