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Le cannabidiol (CBD) continue de susciter un intérêt commercial considérable en Europe, mais, sur le plan réglementaire, le dossier progresse lentement. Depuis 2022, l’EFSA indique qu’elle ne peut pas conclure à la sécurité du CBD en tant que Novel Food. Les avis et rapports publiés depuis ne viennent pas lever ces incertitudes.

Récapitulatif des étapes clés :

  • Juin 2022 : première déclaration de l’EFSA sur l’innocuité du cannabidiol – impossibilité d’établir la sécurité du CBD.
  • 30 juillet 2024 : premier avis individuel sur un trans-CBD synthétique (PureForm).
  • 8 septembre 2024 : rapport scientifique préparatoire à la mise à jour de la déclaration sur l’innocuité du CBD en tant que Novel Food.
  • 9 septembre – 14 octobre 2025 : consultation publique sur le projet de déclaration mise à jour.
  • 3 novembre 2025 : deuxième avis individuel sur un CBD synthétique (Cibdol/Labocan).
  • 31 décembre 2025 : publication attendue de la déclaration mise à jour.

 

Le premier avis individuel, publié le 30 juillet 2024, portait sur un trans-cannabidiol synthétique de pureté ≥ 99,5 %, destiné à être utilisé dans les compléments alimentaires à une dose maximale de 30 mg par jour chez l’adulte. L’EFSA indique avoir sollicité des informations supplémentaires auprès du pétitionnaire, notamment sur l’identité précise du produit, ses impuretés, ses spécifications finales, la génotoxicité, la toxicité pour la reproduction, ainsi que les données humaines disponibles. Le demandeur n’ayant pas répondu, le Panel NDA a conclu qu’aucune évaluation de sécurité n’était possible et que, par conséquent, la sécurité du Novel Food ne pouvait pas être établie.

 

Le 8 septembre 2024, l’EFSA publiait un rapport scientifique dans le cadre de la mise à jour de sa déclaration sur la sécurité du cannabidiol. Ce rapport repose sur une revue systématique de la littérature publiée depuis 2021, visant à déterminer si les nouvelles données permettent de combler les lacunes identifiées en 2022. L’EFSA souligne que, malgré de nouvelles études, beaucoup présentent des limites méthodologiques importantes : protocoles non standardisés, durées d’exposition trop courtes, échantillons insuffisants ou traitements concomitants biaisant l’interprétation.

Plusieurs signaux de risque sont réaffirmés, notamment la toxicité hépatique, des effets digestifs à fortes doses, des perturbations endocriniennes (thyroïde, glande surrénale), ainsi que des signaux de reprotoxicité et des effets neurodéveloppementaux potentiellement durables après exposition prénatale. Les données sur la sécurité neurologique, psychiatrique ou immunologique demeurent insuffisantes. À l’issue de cette analyse, l’EFSA propose quand même une dose journalière provisoirement sûre:

  • 0,0275 mg/kg pc/j, soit environ 2 mg/jour pour un adulte de 70 kg, applicable uniquement à des produits de pureté > 95 %, exempts de nanoparticules et dépourvus d’indication de génotoxicité.

L’EFSA précise qu’aucune conclusion de sécurité ne peut être établie pour les personnes de moins de 25 ans, les femmes enceintes ou allaitantes, ou les personnes sous traitement médicamenteux.

 

 

Le 3 novembre 2025, l’EFSA a publié un second avis individuel, portant cette fois sur un CBD synthétique de pureté ≥ 98 %, proposé pour des compléments alimentaires destinés à la population générale dès six ans (hors femmes enceintes et allaitantes), pour une dose maximale de 150 mg/j. Comme dans l’avis de 2024, l’EFSA relève des lacunes substantielles : caractérisation insuffisante du produit, absence de données fiables sur la stabilité, manque d’études de génotoxicité, absence de données adéquates sur la toxicité pour la reproduction et le développement, ainsi que des données humaines limitées et non transposables à un usage alimentaire. L’EFSA conclut à nouveau qu’elle ne peut pas établir la sécurité du Novel Food.

 

Dans l’ensemble, ces avis montrent que les données récentes ne réduisent en rien les incertitudes initiales. Au contraire, plusieurs risques potentiels apparaissent renforcés, en particulier ceux touchant le foie, le système endocrinien et le développement. La déclaration mise à jour, attendue pour décembre 2025, constituera un document important pour clarifier la position de l’EFSA, mais les éléments disponibles convergent déjà vers une prudence maximale concernant l’utilisation du CBD dans les compléments alimentaires.