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La question de la consommation optimale d’aliments d’origine animale continue de susciter débats et controverses. Entre arguments nutritionnels, risques sanitaires et enjeux environnementaux, la nécessité d’un éclairage scientifique complet devient pressante. C’est dans ce contexte que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) travaille sur des nouvelles lignes de conduite sur l’apport optimal en aliments d’origine animale.
L’objectif de cet article était de recueillir et résumer les études existantes sur le lien entre apport en aliments animaux et la santé afin d’aider à la rédaction de ces lignes de conduite.

Les critères de sélection des articles étaient les suivants : articles (revues, méta-analyses, revues parapluie, études cliniques randomisées et prospectives) portant sur la population générale (2 ans minimum). Les études individuelles étaient répertoriées d’après les références utilisées dans les revues et méta-analyses
Plus de 7 000 articles ont été recensés et après sélection 612 revues ont été analysées (518 revues systématiques, 80 revues parapluies et 54 revues de portée). Cela représentait 2 106 articles portant sur 488 cohortes différentes et sur 387 essais cliniques différents.
Les groupes d’aliments les plus fréquemment étudiés sont les produits laitiers (630 cohortes), le poisson (665 cohortes) et la viande (431 cohortes), avec des analyses centrées sur les effets de leur consommation sur :
- Les maladies cardiovasculaires,
- Le cancer,
- Le diabète,
- Le poids corporel et la composition corporelle,
- La mortalité toutes causes confondues
En dehors de ces cinq catégories principales, 24 autres sont répertoriées pour un total de 1 936 résultats de santé différents.
L’originalité de cette revue réside aussi dans l’intégration des comparateurs végétaux riches en protéines (légumineuses, soja, fruits à coque, etc.), permettant d’analyser les effets de substitutions alimentaires (ex. : viande rouge vs légumineuses), bien que ces approches restent peu représentées dans les études disponibles (seulement 4 % des revues incluent des analyses de substitution).
Les États-Unis dominent largement la production scientifique, tant pour les cohortes (135) que pour les essais contrôlés randomisés (142), alors que des régions entières comme l’Afrique, l’Asie du Sud-Est et l’Asie centrale restent très peu étudiées. Ces lacunes géographiques limitent la transposabilité des recommandations aux contextes les plus vulnérables.
La majorité des études porte sur des adultes en bonne santé. En revanche, les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées sont largement sous-représentés dans la littérature, malgré des besoins nutritionnels spécifiques et un risque accru de carences.
La revue souligne que les cohortes fournissent des données de long terme sur l’incidence des maladies, mais sont sujettes à des biais de confusion résiduelle. À l’inverse, les essais cliniques randomisés offrent des preuves plus robustes, mais se concentrent surtout sur des marqueurs intermédiaires (lipides sanguins, glycémie à jeun) et des populations sélectionnées à risque, sur de courtes périodes.
→ En conclusion, cette revue constitue une étape dans la définition de recommandations nutritionnelles globales, ancrées dans la réalité des preuves disponibles. Elle met également en lumière les zones aveugles de la recherche actuelle et pose les bases d’une approche plus intégrée, nuancée et contextualisée de la consommation d’aliments d’origine animale.
« Optimal Intake of Animal-Source Foods: A Scoping Review to Inform a New WHO Guideline »
Article publié le 18 juin 2025 dans Advances in Nutrition
Lien (article en accès libre) : https://doi.org/10.1016/j.advnut.2025.100467
Photo d’illustration issue de Wikimedia Commons. Crédit : FIHIHF2013