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L’insécurité alimentaire, définie comme un accès limité ou incertain à une alimentation suffisante, saine et nutritive, en raison de contraintes financières ou sociales, est souvent perçue comme une cause de sous-nutrition. Pourtant, dans les pays à hauts revenus, elle est paradoxalement associée à l’obésité. Ce phénomène, qualifié de « paradoxe pauvreté-obésité », résulte notamment du recours à des aliments bon marché, riches en calories mais pauvres en nutriments. Si cette réalité a été documentée chez les jeunes adultes, peu d’études ont exploré ses effets chez les personnes âgées, une population particulièrement vulnérable en raison de revenus fixes, de comorbidités, et de changements physiologiques liés à l’âge.
L’objectif de cette étude était d’examiner l’association entre insécurité alimentaire et adiposité chez les adultes de 50 ans et plus.
Les données analysées provenaient de la deuxième vague (2004–2005) de l’English Longitudinal Study of Ageing (ELSA), incluant 7 219 participants âgés en moyenne de 66 ans. L’insécurité alimentaire était mesurée par une simple question : « Avez-vous déjà dû sauter ou réduire des repas faute d’argent ? ».

L’adiposité était évaluée selon trois critères :
- L’IMC (supérieur ou égal à 30 kg/m²),
- Obésité abdominale (avec un tour de taille supérieur à 102 cm pour les hommes et 88 cm pour les femmes),
- Ratio taille/hanche (défini par l’OMS comme supérieur ou égal à 0,90 pour les hommes et 0,85 pour les femmes).
Parmi les 7 219 participants inclus, seuls 1,3 % (96 personnes) déclaraient avoir vécu ou vivre une insécurité alimentaire. Ces individus étaient plus jeunes, moins souvent mariés et présentaient plus de comorbidités que le reste des sujets analysés. Ils avaient aussi une plus grande prévalence d’obésité selon l’IMC et le tour de taille. Les personnes déclarants être en insécurité alimentaire présentaient un risque significativement accru de différentes pathologies : arthrose, troubles psychiatriques, maladie pulmonaire, ostéoporose, diabète, glaucome, démence, maladies cardiovasculaire.
Après ajustement sur plusieurs facteurs (âge, sexe, niveau d’éducation, statut marital, tabagisme, activité physique et multimorbidité), l’insécurité alimentaire était associée à :
- un risque accru de 55 % d’obésité selon l’IMC,
- un risque plus que doublé d’obésité abdominale,
- aucune association significative avec le ratio taille/hanche.
→ En conclusion, cette étude mettait en lumière un lien entre précarité alimentaire et surcharge pondérale chez les seniors. Contrairement aux idées reçues, l’insécurité alimentaire n’implique pas seulement un risque de maigreur ou de carence, mais bien une double charge nutritionnelle : sous-nutrition qualitative et excès de poids.
Les principales limites de cette étude résident, d’une part, dans l’évaluation de l’insécurité alimentaire par une seule question auto-déclarative, centrée uniquement sur l’aspect financier, ce qui ne permet pas de saisir toute la complexité du concept ; et d’autre part, dans le faible nombre de participants identifiés comme en insécurité alimentaire, limitant la puissance statistique et la généralisation des résultats à l’ensemble de la population âgée.
« Food insecurity is associated with obesity and abdominal obesity among older adults. A cross-sectional analysis of ELSA study »
Article publié le 17 juin 2025 dans Nutrition
Lien (article en accès libre) : https://doi.org/10.1016/j.nut.2025.112879
Photo d’illustration issue de la banque d’images Pexels. Crédit : Markus Spiske