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Marie Deniel. D’après la Lettre INRA « En direct des labos » n°43, Novembre 2011.

Pour agir sur les comportements alimentaires, deux leviers sont traditionnellement actionnés : l’information nutritionnelle et l’intervention sur les prix. La taxation des produits néfastes pour la santé, à l’instar de la « fat tax » correspond à une hausse du taux de TVA sur certains produits de sorte qu’elle se traduise globalement par une hausse de prix de 10 %. L’objectif de l’étude menée par l’équipe INRA « ALISS » d’Ivry-sur-Seine est d’évaluer l’impact d’une taxation sur les produits très caloriques.

Les résultats montrent que la baisse des achats diffère selon la classe sociale du ménage et le groupe d’aliments. Ainsi, les ménages aisés restreignent leurs achats de poisson, de fruits secs, de produits laitiers, de fromage / beurre / crème, de produits gras et sucrés et d’eaux en bouteille lorsque les prix de ces produits augmentent. Il en est de même pour les ménages modestes, mais dans une moindre mesure. Inversement, les ménages aisés se montrent moins sensibles à l’augmentation du prix des fruits & légumes et des boissons alcoolisées que les ménages modestes. De plus, on observe un effet de substitution d’achat entre produits : une corrélation a été observée entre la baisse du prix des légumes frais et la baisse des achats de pommes de terre, des produits gras et salés. De même, la hausse du prix des boissons non alcoolisées (hors jus de fruits) induit une baisse des achats de pommes de terre, de plats préparés et de produits gras et salés, ce qui permet de s’attendre à ce que l’application d’une taxe sur les sodas induise une baisse sensible des achats de ces produits.

Ces résultats soulignent l’importance du choix des produits à taxer pour obtenir l’effet escompté. La meilleure réduction des apports caloriques est obtenue par taxation des plats préparés, du groupe fromage / beurre / crème et des produits gras et sucrés. Appliquée à ces trois catégories de produits, la « fat tax » induit une baisse de 3.4 % des achats de calories pour les ménages aisés et de 3,6 % pour les ménages modestes. Plus précisément, la taxation des plats préparés est celle qui produit les effets les plus importants : baisse des achats et retombées nutritionnelles positives (baisse des achats de sodium, hausse des achats de béta-carotène et de vitamine D). La baisse d’achats des acides gras saturés et de cholestérol et, globalement du nombre de calories achetées, est obtenue différemment selon la catégorie sociale du ménage : par la taxation des produits fromage / beurre / crème chez les ménages aisés, par la hausse des prix des produits gras et salés chez les ménages modestes.

Si l’impact d’une « fat tax » conduit bien à une baisse des achats de calories et d’acides gras saturés, les résultats sont à nuancer : la « fat tax » porte préjudice à la consommation de nutriments essentiels à la santé (vitamines, calcium, magnésium, potassium et phosphore) ; elle n’induit que de faibles effets sur le poids des individus à court terme ; enfin, elle engendre des coûts en bien-être beaucoup plus élevés chez les ménages modestes que chez les ménages aisés.

 

Référence :  Allais O., Bertail P., V. Nichèle (2010). The Effects of a Fat Tax on French Households’ Purchases: A Nutritional Approach. American Journal of Agricultural Economics, 92:228-245.