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Étiquetage des substituts végétaux aux produits de la mer : entre essor du marché et défis réglementaires
Le développement rapide des substituts végétaux aux produits de la mer s’inscrit dans une dynamique globale de transition alimentaire, portée par des arguments éthiques, environnementaux et nutritionnels. Cette catégorie émergente de produits alimentaires, qui imite l’aspect, le goût et parfois les qualités nutritionnelles des produits issus de la pêche ou de l’aquaculture, suscite des préoccupations croissantes quant à l’encadrement de leur étiquetage au sein de l’Union européenne. Un rapport publié en juin 2025 à la demande de la commission PECH du Parlement européen dresse un état des lieux précis de ces enjeux et formule plusieurs recommandations en vue d’un ajustement du cadre réglementaire.
Un marché en pleine expansion, des pratiques commerciales discutables
La montée en puissance des substituts végétaux aux produits de la mer est soutenue par l’arrivée de grandes entreprises agroalimentaires sur ce segment et la diversification de l’offre par des entreprises de transformation du poisson elles-mêmes. Initialement distribués en ligne ou dans des magasins spécialisés, ces produits ont désormais investi les rayons de la grande distribution dans l’UE et en Amérique du Nord.
L’étude identifie 102 entreprises commercialisant 228 produits, dont près de la moitié (45 %) utilisent des dénominations inventées évoquant les produits de la mer sans clarifier leur nature végétale. Dans 57 % des cas, une référence directe à une espèce ou au mot « poisson » est faite, mais seules 13 % des étiquettes analysées fournissent des explications suffisantes pour éviter toute ambiguïté. Ces constats posent question au regard des exigences d’étiquetage loyal.
Un cadre réglementaire encore insuffisant pour les produits végétaux
Les substituts végétaux ne sont pas soumis aux règles de commercialisation des produits de la pêche prévues par le règlement CMO (UE) n° 1379/2013. Ils relèvent uniquement du règlement INCO (UE) n° 1169/2011 sur l’information des consommateurs, à l’instar de toute denrée alimentaire courante, sauf s’ils sont à base d’algues ou d’algues marines.
L’article 7 du règlement INCO interdit explicitement toute information susceptible d’induire le consommateur en erreur, notamment sur la nature de la denrée ou en suggérant, via l’apparence ou la dénomination, la présence d’un ingrédient absent. Toutefois, le manque de règles spécifiques pour ces nouveaux produits crée une zone grise.
Vers un encadrement plus rigoureux au niveau européen
Le Comité propose plusieurs pistes d’évolution du cadre réglementaire. Il recommande notamment :
- d’exiger que le nom du ou des ingrédients végétaux principaux figure clairement dans la dénomination du produit (ex. : « à base de pois »),
- de rendre obligatoire l’indication du niveau de transformation, pour éclairer les consommateurs sensibles aux procédés industriels,
- d’encadrer plus strictement les allégations nutritionnelles, comme celles portant sur la présence d’oméga-3 : un produit enrichi artificiellement doit être présenté comme tel (« enrichi en oméga-3 »), pour éviter la confusion avec un produit naturellement riche en ces composés.
Enfin, pour les noms fantaisistes faisant référence à des produits de la mer, le rapport souligne la nécessité de garantir leur compatibilité avec l’article 36 du règlement INCO. Toute ambiguïté renforcée par des images ou des graphismes évoquant du poisson devrait être levée par une information explicite et visible.
Le rapport souligne que les pratiques actuelles d’étiquetage des substituts végétaux aux produits de la mer sont souvent en tension avec le droit européen. Sans évolution du cadre réglementaire, ces produits continueront à porter confusion, au détriment de la transparence attendue par les consommateurs. En s’inspirant des bonnes pratiques nationales et en renforçant les obligations d’information, le Comité recommande à l’Union européenne de poser les fondements d’une réglementation plus juste et plus adaptée à cette nouvelle génération de denrées alimentaires.